De nombreuses expériences ont mis en lumière les effets positifs de l’activité physique sur la mémoire, même si les liens de causalité restent flous. Une équipe de chercheurs allemands et des scientifiques américains ont tenté de lever le voile sur la question. Une protéine musculaire serait responsable de cette amélioration.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’Institute of cognitive neurology and dementia research managing de Magdeburg, en Allemagne, et des scientifiques du National Institute of Aging de Baltimore (USA) ont analysé les protéines contenues dans les muscles et le sang de souris. Ils ont ainsi constaté une forte augmentation du taux de cathepsine B ou CSTB chez les cobayes qui ont couru pendant plusieurs semaines dans leur roue.
Des expériences sur les rongeurs
Pour vérifier leur théorie, Henriette Van Praag du National Institute of Aging de Baltimore et son équipe ont réalisé des tests sur des souris normales et des spécimens génétiquement modifiés ne pouvant pas synthétiser la CSTB. Des tests comportementaux réalisés sur les rongeurs ont mis en évidence la supériorité des souris normales dans les épreuves qui sollicitaient la mémoire.
Pour vérifier leur découverte, les chercheurs ont soumis les mêmes souris au test du labyrinthe aquatique de Morris permettant d’évaluer leur capacité d’apprentissage. Plongés dans une piscine, les rongeurs devaient rejoindre une plateforme pour éviter la noyade. Les chercheurs ont mesuré leur capacité de mémorisation en considérant le temps nécessaire pour trouver la plateforme, la vitesse et la distance parcourue. L’exercice a été répété à des intervalles de temps différents. Les souris normales qui avaient couru dans leur roue se sont souvenues de l’épreuve encore 48 heures après la première fois contre seulement 24 heures pour les sédentaires. En revanche, celles qui ne peuvent synthétiser la CSTB ne se sont souvenues de rien.
Qu’en est-il chez les humains ?
D’après Henriette Van Pragg, les exercices physiques augmentent également le taux de CSTB dans le sang des singes et des humains. Des tests ont été réalisés sur des individus soumis à des séances régulières d’entraînement sur un tapis de course durant 4 mois. Les personnes sélectionnées devaient courir durant 30 à 45 minutes par séance à raison de 3 fois par semaine. Les chercheurs les ont ensuite soumises à des tests de mémorisation. Celles qui s’étaient exercées régulièrement au cours des 4 mois précédents se sont révélées plus performantes dans des tâches difficiles comme la reproduction d’un dessin complexe. Les chercheurs ont aussi établi des liens entre les performances et le taux de CSTB dans le sang. D’après Emrah Duezel, co-auteure de cette étude, la CSTB peut être injectée par intraveineuse pour traiter la démence, notamment dans le cas des personnes âgées ne pouvant pas pratiquer d’activités sportives.
Des effets différents ?
Henriette van Praag reste cependant prudente compte tenu des autres effets de la cathepsine B. En effet, d’après certaines études, cette protéine sécrétée par les tumeurs contribuerait à la mort cellulaire et à l’apparition de plaques amyloïdes au niveau du cerveau. D’autres recherches affirment cependant le contraire en suggérant qu’elle éliminerait les plaques amyloïdes. D’après la scientifique, la CSTB aurait des effets différents selon le taux dans le sang et l’état psychologique du patient. Cette hypothèse reste à vérifier.