La tomate, cet hybride de fruit et légume qui se déguste à toutes sauces sucrées comme salées, et sous de multiples formes crues, cuites ou confites, détiendrait d'autres caractéristiques que beaucoup d'eau et un goût fade. Si son impact sur le teint reste de la légende urbaine, son effet sur la santé semblerait, lui, bel et bien réel : il aiderait à lutter contre le cancer de la prostate.
Plusieurs études sur ce sujet ont déjà été menées depuis plus de 10 ans. Une étude des scientifiques de l'Université de l'Illinois, parue en mai 2013, remet la tomate au goût du jour, indiquant que sa consommation régulière pourrait être bénéfique pour l'organisme, notamment pour écarter les risques de cancer de la prostate. Surtout si elle est associée au soja.
Tomate et soja : le combo miraculeux ?
John Erdman, à la tête de l'étude, a eu l'idée de modifier génétiquement des souris afin de leur provoquer un cancer de la prostate. Les souris malades ont ensuite été séparées en 4 groupes : l'un était nourri à base de tomates, le deuxième à base de soja, le troisième avec une combinaison des deux aliments, et le dernier ne mangeait ni soja ni tomate.
A la fin de l'étude, les souris dont le régime était constitué de soja et/ou de tomate ont vu la maladie se rétracter, tandis que le cancer des souris du groupe témoin, dont l'alimentation était dépourvue des 2 ingrédients, s'est développé. "Seulement 45 % des souris nourries aux deux aliments ont développé la maladie, comparativement à 61 % dans le groupe de tomate, et 66 % dans le groupe de soja" explique le professeur John Erdman.
Pour être protégé du cancer de la prostate, il faudrait donc manger 3 à 4 portions de tomate par semaine, couplées à 1 ou 2 portions de soja hebdomadaires, selon le professeur Zuniga, co-auteur de l'étude. Il est d'autre part préférable de manger une tomate entière, fraîche, non modifiée que des substituts. Il en va de même pour le soja. Le soja peut se prendre sous forme de lait, acheté au supermarché. Vous pouvez en prendre un verre quotidien très facilement. Il existe sous diverses formes comme le Tempeh ou le Tofu, en sauces...
Des éléments approfondis depuis 20 ans
Déjà en 2001, des scientifiques de l'Illinois avaient mené une étude sur la tomate. Afin de vérifier s'il y avait un lien entre certains aliments et un cancer possible, les médecins avaient interrogé de nombreux patients. Ceux dont l'alimentation était majoritairement à base de tomate (en sauce, crues…) avaient moins de risques de développer un cancer de la prostate.
La tomate détient une molécule, le lycopène, un antioxydant qui protège les tissus de la prostate. Une expérience humaine a donc été menée sur 32 patients atteints de ce cancer. Durant les 3 semaines avant l'intervention chirurgicale, ces derniers ont fait de la tomate en sauce la base de leur alimentation afin d'ingérer 30 mg de lycopène par jour. Les dommages des tissus de la prostate avaient significativement diminué après ce traitement.
Les médecins précisent cependant que le lien entre le lycopène et la prostate n'est pas clair, et que les tests doivent continuer. D'autant que les tests sur les rongeurs de laboratoires n'ont pas été concluants du fait de leur mauvaise absorption des caroténoïdes, le pigment rouge. Cette étude faisait déjà suite à une recherche datant des années 98-99, dont la conclusion reliait la tomate à une baisse de 40 % de cancers de la prostate.
Le cancer de la prostate et moi
Le cancer de la prostate est le second cancer le plus meurtrier aux Etats-Unis. Concernant la France, 71 500 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2010, faisant de ce cancer le plus répandu chez l'homme. Depuis 25 ans, le taux de personnes touchées ne fait qu'augmenter. L'âge moyen des malades est de 71 ans, et l'on pense que le vieillissement de la société est l'un des facteurs premiers de ce cancer.
La maladie peut mettre plusieurs années à se développer. Les symptômes peuvent être discrets et beaucoup de gens ignorent qu'ils souffrent d'un cancer. Il peut aussi se révéler sous formes plus agressives. La plupart du temps, les symptômes sont relatifs à une gêne urinaire avec impossibilité de se retenir (impériosité mictionnelle), une diminution de la force du jet (dysurie), un besoin fréquent d’uriner (pollakiurie), voire une impossibilité totale de la miction, informe l'Inserm.
A un stade plus avancé, le cancer de la prostate peut provoquer du sang dans le sperme, des douleurs osseuses ou des fractures fréquentes. Quels que soient les signes, consultez votre médecin.
Sources : Journal of the National Cancer Institute ; The Journal of Cancer Research ; ACES Illinois