Alors que de nombreux sportifs de haut niveau sont concernés par la pathologie, à l'instar du joueur de tennis Jérôme Golmard, diagnostiqué début janvier, est-il possible d'y voir un lien de cause à effet ?
Même si la loi des séries ne fait pas office de preuve scientifique, la coïncidence a de quoi étonner : outre Jérôme Golmard, qui a indiqué avoir été diagnostiqué en début d'année de la maladie de Charcot, de nombreux sportifs de son niveau ont également été touchés par la sclérose latérale amyotrophique (SLA), incurable, à l'instar de Joost Van der Westhuizen. À noter qu'en anglais, la maladie de Charcot est appelée "Lou Gehrig Syndrom" et tient son nom d'un joueur de basket américain décédé en 1939 des suites de cette pathologie.
En France, aujourd'hui, entre 6 000 et 8 000 personnes sont touchées par cette maladie neurodégénérative, qui est responsable d'une paralysie des muscles empêchant à terme de respirer. Pour le directeur délégué de l'ARSLA, Yves Tronchon, l'on peut être tenté de s'imaginer que la maladie concerne les gens pratiquant une activité de sportive de manière intensive. Toutefois, il ne s'agit pas là d'un facteur décisif, car il n'y a pas suffisamment de malades sportifs de haut niveau. Et comment expliquer dans ce cas les malades utilisant peu leurs muscles ?
Une corrélation abusive
Selon une étude réalisée en 2008, environ cinquante cas de maladie de Charcot ont été identifiés depuis les années 1980 parmi les joueurs professionnels italiens de football. Or, cette proportion serait six fois plus importante que celle de la population normale. Problème, selon le professeur spécialiste de la LSA, Vincent Meininger, il faudrait avoir un chiffre de référence optimal de la population normale pour se faire une vraie idée. Ce qui n'est pas le cas. De fait, la corrélation serait pour lui surtout un effet médiatique.
Quoi qu'il en soit, les scientifiques disposent néanmoins de quelques éléments à propos de l'impact de la pratique sportive dans le développement du SLA. Dernièrement, le docteur Benoît Marin, neuro-épidémiologiste à l'INSERM, a compilé près de 40 études sur la question. Résultat : l'activité sportive ou physique n'est pas un facteur de risque de la SLA, mais un facteur pouvant potentiellement interagir en cas de déterminisme génétique.