Selon une recommandation de l'agence européenne du médicament (EMA), les enfants de moins de douze ans ne devraient pas être autorisés à prendre des médicaments à base de codéine. Cette substance serait en effet tenue pour responsable d'effets secondaires, pouvant s'avérer mortels.
Extraite du pavot, la codéine, ou méthylmorphine, est un antalgique puissant présent dans de nombreux médicaments et notamment dans les sirops antitussifs pour enfants, que l'on trouve en France en libre-service dans les pharmacies. Cette substance fait couramment office de médicament chez les adultes comme chez les enfants dans le cas de toux sèches ou de douleurs modérées et fortes.
Si la dose recommandée pour les adultes va de 15 mg à 65 mg, toutes les 4 à 6 heures, et ce sans dépasser les 180 mg par jour, la posologie pour les enfants dépend quand à elle de leur poids. Aujourd'hui, la dose conseillée est ainsi d'à peu près 0,5 à 0,75 mg par kilogramme, quatre fois par jour, cette dernière ne pouvant excéder 2 à 4 mg par kilo, par jour.
Attention au risque de dépression respiratoire
Reste qu'une fois absorbée, la codéine se transforme grâce au foie en morphine pour limiter la douleur. Or, c'est précisément ce mécanisme, trop rapide chez certains patients sur le plan métabolique, qui fait courir un risque toxique. Si les cas graves sont très rares, certains d'entre eux peuvent néanmoins se révéler mortels, en entrainant par exemple l'apparition brutale d'une insuffisance respiratoire – on parle alors de "dépression respiratoire" . Un phénomène qui a jusqu'à présent été observé chez les enfants opérés des amygdales.
Pour cette raison, le Comité pour l'évacuation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l'EMA a invité les spécialistes et les parents à destiner ce médicament aux enfants plus âgés. Ainsi, la prescription n'est valable que dans le cas où des antidouleurs comme le paracétamol ou l'ibuprofène ne suffiraient pas à soulager l'enfant. À noter que les moins de 18 ans dont les amygdales ont été retirées sont eux aussi concernés. Ces derniers ont en effet également une propension à développer des problèmes respiratoires.
Enfin, d'une manière générale, cette prudence vis-à-vis de la codéine doit aussi être de mise pour les adultes – et ce quel que soit leur âge – dont le métabolisme est trop rapide. Même chose pour les femmes qui allaitent, compte tenu du fait que la codéine pourrait se transmettre au bébé en passant par le lait maternel. Même si ces recommandations sont encore à l'heure actuelle dans l'attente d'une approbation (attendue pour fin juin) de la part du comité européen de coordination (CMDh), il est d'ici là préférable d'éviter ces médicaments pour les enfants.
Sources : ema.europa, destinationsante