Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, l'athérosclérose – à l'origine de bon nombre de maladies cardiovasculaires – n'est pas une pathologie survenue à l'aube des années 2000 sous l'effet des chips et des sodas. Les signes de cette maladie, relative au mauvais cholestérol, ont en effet été relevés sur quelques 137 momies.
L'athérosclérose, cette fameuse maladie due au mauvais cholestérol et qui se manifeste notamment par des plaques d'athérome obstruant petit à petit les artères, n'est pas seulement la maladie du siècle à l'instar du stress, comme on aurait tendance à l'imaginer. Il y a 4 000 ans, déjà, cette dernière aurait touché nos ancêtres. C'est en tout cas ce qu'a révélé le résultat d'une recherche présentée au congrès annuel de l'American College of Cardiology (ACC) à San Francisco, par ailleurs publié dans The Lancet.
Cette récente découverte pourrait remettre en question le concept d'athérosclérose en tant que conséquence d'un mode de vie occidental moderne. Identifiée à travers 4 000 ans d'histoire et dans des peuples géographiquement et culturellement séparés, cette dernière pourrait ainsi être inhérente à l'espèce humaine, selon les scientifiques à l'origine de l'étude.
Nom de code Horus
Intitulée Horus, le dieu faucon de la mythologie égyptienne, l'étude internationale à l'origine de ce constat a été réalisée par une équipe de 17 chercheurs sous la direction du docteur Randall C. Thompson, de l'université du Missouri. Au total, ces scientifiques ont eu la possibilité d'examiner et de scanner 137 momies provenant de quatre régions géographiques différentes. Parmi elles : des momies égyptiennes (3100 av. J.-C. à 364 J.-C.), des momies péruviennes (900 av. J.-C. à 1500 de notre ère), des momies d'indiens pueblos (1500 av. J.-C. à 1500 après J.-C.) et des momies d'Unangan d'Alaska (1756 à 1930).
Un scanner sur l'ensemble du corps a permis de repérer les calcifications vasculaires de façon à authentifier soit l'athérosclérose soit une trace de cette dernière. Pour plus d'un tiers des momies examinées, les signes d'athérosclérose étaient certains ou probables. Les principales lésions liées au cholestérol observées se situaient au niveau de l'aorte (20 %), des axes ilio-fémoraux (18 %), des carotides (12 %) et des coronaires (4 %).
À noter que quelques études passées avaient déjà permis d'identifier des phénomènes de ce type sur des momies égyptiennes. Mais la cause de l'athérosclérose avait alors été attribuée au statu socio-économique des momies, issues de l'élite de la Haute Égypte et bénéficiant de fait d'une alimentation plus riche.
L'énigme de l'athérosclérose
Mais d'après les recherches les plus récentes, l'argument selon lequel l'athérosclérose serait relative au statut social de l'époque ne tient plus. Pour preuve, les échantillons analysés par les universitaires de l'université du Missouri étaient très représentatifs de la population générale. En outre, les groupes étudiés étaient très différents, aussi bien dans le temps, l'espace ou encore d'un point de vue génétique, climatique et culturel.
Résultat, le fait de retrouver un pourcentage d'athérosclérose aussi élevé chez des cultures pré-modernes et aussi différentes amène à penser que la science est encore loin d'avoir compris les causes de cette affection. Pire : nos conceptions actuelles sur cette pathologie seraient faussées. Toutefois, ces nouvelles hypothèses ne doivent pas nous amener à penser le cholestérol comme une fatalité : une personne ayant trop de cholestérol doit évidemment être soignée. Ainsi, quelle que soit l'époque, le danger de mort prématurée demeure.
Sources : Le Quotidien du médecin, The Lancet