Sur le périphérique, sur l'autoroute, dans les villes – et ce surtout en région parisienne – les motos ont l'habitude de louvoyer entre les voitures pour faciliter leur progression. Pourtant, cette pratique est actuellement interdite. Au même titre qu'en Belgique, aux Pays-Bas et en Autriche, celle-ci pourrait toutefois être autorisée sous conditions dans l'Hexagone.
Aujourd'hui, un motard qui se fraie un chemin entre les files de voitures risque une verbalisation pour trois motifs : le non-respect de la distance de sécurité, le dépassement par la droite et le changement de file non justifié. Mais cette interdiction pourrait toutefois être levée. Vendredi 7 décembre, le préfet Régis Guyot a en effet préconisé dans un rapport rendu au ministre de l'intérieur, Manuel Valls, la légalisation de cette pratique. Rapport qui devrait d'ailleurs être soumis au Conseil national de la sécurité routière courant février.
Une bonne nouvelle pour la fédération française des motards en colère (FFMC), qui réclamait cette légalisation depuis longtemps. Selon elle, une telle mesure permettrait de limiter considérablement les embouteillages. De son côté, l'institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (ifsttar) considère que cette possibilité de remonter les files de voitures n'engendrerait que peu d'accidents. En 2009, seulement 1 % des accidents mortels et 3,4 % des accidents corporels engageant des motos se sont déroulés entre deux files d'automobiles.
Une légalisation sous le signe de la vigilance
Toutefois, les motards devront faire preuve d'une attention toute particulière comme le souligne l'ifsttar. Les chercheurs de l'institut ont en effet observé et interrogé onze motards chevronnés entre août 2010 et août 2011. Conclusion : les pilotes ont indiqué qu'il était indispensable d'observer l'orientation des roues de la voiture qui les devance, sans oublier les gestes du conducteur avant de s'introduire entre deux files. Afin de s'assurer une meilleure visibilité aux yeux des autres conducteurs, les motards avaient par ailleurs pour habitude d'activer leurs feux de détresse (warnings) et d'effectuer de légers déplacements latéraux. Enfin, il serait préférable de chercher le regard du conducteur dans son rétroviseur pour avoir la certitude d'avoir bien été détecté par celui-ci.
Pour l'heure, le rapport de Régis Guyot ne préconise l'autorisation des deux-roues à remonter les files que sur les voies rapides, ce qui exclut donc les villes. Les motards devront pour ce faire emprunter l'espace entre les deux files les plus à gauche de la chaussée, comme ils le font déjà couramment. La différence entre leur vitesse et celle des voitures ne devra quant à elle pas dépasser 20km/h. Les clignotants seront en outre de mise en cas de changement de file.