Une étude récente mise en évidence par la revue Cell Metabolism affirme qu'une alimentation riche en viande, lait, œufs et fromage serait aussi dangereuse que le tabagisme et réduirait de fait l'espérance de vie. Pourtant, les experts restent divisés sur la question
La revue scientifique Cell Metabolism a rendu publique une étude concluant à la nocivité d'une alimentation riche en viande, œufs et laitages, allant même jusqu'à comparer le phénomène à la cigarette. Pour arriver à une telle conclusion, les chercheurs ont fait appel à un échantillon représentatif de 6 381 personnes, âgées de 50 ans et plus. Résultat, les personnes de moins de 65 ans consommant en quantité des protéines animales auraient quatre fois plus de risques de décéder d'un cancer ou du diabète. De même, la potentialité de développer n'importe quelle autre pathologie serait multipliée par deux.
Toujours d'après l'étude, ce danger s'estomperait à partir du moment où les protéines ingérées sont d'origines végétales (ex : légumineuses, etc.). Sans pour autant toutefois décliner totalement, puisque le risque d'avoir un cancer serait alors toujours trois fois plus important que pour les personnes dont l'alimentation est pauvre en protéines. Concernant les personnes âgées (plus de 65 ans), une alimentation riche en protéines permettrait à l'inverse de réduire le risque de décès de 28 %, et ce quelle que soit la cause. Dans le cas du cancer, ce risque diminuerait de 60 %.
À noter que dans le quotidien britannique The Guardian, l'un des auteurs de l'étude invite à revoir son alimentation, recommandant de passer à un régime contenant 9 à 10 % seulement de calories en provenance de protéines, végétales de préférence. Ce dernier conclut même en indiquant que l'alimentation en général que nous adoptons serait aussi mauvaise pour la santé que la cigarette.
Une conclusion à relativiser
D'autres scientifiques également interrogés par le Guardian, estiment que rien ne permet aujourd'hui d'affirmer que les protéines en surnombre tue. Ainsi, d'après Peter Emery, chargé du département nutrition et diététique au King's College (Londres), l'étude des effets de l'alimentation sur la santé via l'isolement de l'impact des nutriments est particulièrement délicate. Il n'est en effet par exemple pas exclu que les effets a priori nocifs d'une alimentation trop protéinée soient plutôt induits par des facteurs relatifs au mode de vie des mangeurs de viande rouge, différent de celui des végétariens.
En outre, une nutritionniste souligne qu'il est risqué de rapprocher au sein d'une étude les effets du tabac sur la santé de ceux de la viande et du fromage. Et d'ajouter que ce type de conclusion hâtive peut même remettre en question l'efficacité de messages de santé publique. Pourquoi un fumeur stopperait-il la cigarette si son sandwich jambon-fromage est aussi nocif ?
Dans cette logique, l'European Centre for Environment and Human Health (ECEHH) rappelle qu'il ne fait aucun doute que le tabagisme est mauvais – il suffit pour s'en convaincre de jeter un œil aux nombreuses études sur la question. Or, il est prouvé à l'inverse que consommer de la viande et du fromage avec modération en parallèle d'un régime alimentaire équilibré apporte de nombreux nutriments d'importance à l'organisme.