Petit à petit, l'oiseau fait son nid. Opus, ce nouveau format audio que les experts ne cessent d'acclamer, pourrait-il prochainement faire de l'ombre au MP3, qui règne en maître depuis maintenant une bonne décennie ?
En septembre dernier, l'Opus – codec de nouvelle génération – a été reconnu comme le futur standard du web par l'Internet Engineering Task Force (IETF), groupe de travail technique de la Toile qui produit notamment la plupart des nouveaux standards d'Internet. Un peu plus récemment en octobre, c'était au tour du célèbre navigateur web Firefox de reconnaître son efficacité, en offrant la reconnaissance des fichiers ".opus" dans la version 16. Une façon de permettre à l'utilisateur de ne pas recourir à un logiciel externe pour les lire.
Pour l'heure, les premiers tests de ce fichier – que certains n'hésitent pas à considérer comme "révolutionnaire" – ont déjà démontré ses nombreux avantages par rapport aux autres formats audio. L'Opus aurait ainsi une importante longueur d'avance s'agissant de la téléphonie mobile ou par Internet, l'écoute de fichiers audio sur ordinateur ou baladeur, la visioconférence, la radio sans oublier le streaming. Chacune de ces applications nécessite une quantité d'informations qui varie de l'une à l'autre. Ainsi, une conversation téléphonique ne demandera que 16 000 bits par seconde alors qu'un fichier musical aura besoin d'au moins 128 000 bits par seconde. C'est là que se situe le point fort de la compression, qui ne retient que les bits essentiels en fonction de l'usage.
Selon Jean-Marc Valin, l'un des développeurs du format – par ailleurs employé de la fondation Mozilla –, Opus est comme un passe partout à l'aise avec toutes sortes de gammes de débits, et donc de fonctions. À la grande surprise de l'équipe à l'origine du projet Opus, la polyvalence du codec est aujourd'hui telle que le légendaire MP3 s'en trouve même surpasser. Au départ, cette technologie reposait sur deux projets différents. Baptisés Silk et Celt, ces derniers avaient respectivement été imaginés pour compresser la voix et la musique. Le premier a finalement été utilisé par le logiciel de téléphone Skype tandis que le second est devenu Opus.
Du côté des prouesses techniques, on note qu'Opus a notamment permis de diminuer le temps de décodage, désormais de 5 à 20 millisecondes, contre 200 millisecondes pour un fichier MP3. Autrement dit, le temps de réponse pour la lecture d'un fichier Opus est plus rapide que celui du MP3. Ce qui devrait par exemple offrir une belle avancée une fois le codec appliqué aux conversations sur Internet. L'IETF ne s'y est d'ailleurs pas trompé en recommandant Opus dans le prochain système Web-RTC (système de communication web en temps réel). Celui-ci permettra entre autres d'utiliser la visioconférence directement depuis un navigateur web.
À noter qu'Opus a l'avantage d'être un format libre que tout un chacun peut utiliser, modifier et partager sans restriction. À l'inverse du MP3, qui est notamment soumis à une redevance dont les constructeurs de baladeurs et systèmes d'exploitation doivent s'affranchir, il est en outre gratuit. Dans le même esprit, les concepteurs d'Opus travaillent actuellement au développement d'un nouveau codec vidéo.