L'APF rend son rapport sur l'accessibilité aux personnes handicapées dans les principales villes de France et épingle des retards de plus en plus importants - 11 % des villes interrogées n'ont même pas réalisé le diagnostic d'accessibilité - dans la mise en œuvre du plan Handicap 2005.
L'association des paralysés de France (APF), une association nationale reconnue d'utilité publique, a été fondée en 1933 par des jeunes atteints de poliomyélite, pour protester contre l'exclusion dont ils étaient victimes. 80 ans plus tard, elle existe toujours et milite pour que les personnes handicapées puissent participer pleinement à la vie en société. Chaque année, elle rend un rapport mesurant l'état d'avancement de l'intégration des personnes handicapées et la prise en compte de leurs intérêts par les pouvoirs publics. Ce rapport est devenu le baromètre de l'accessibilité il y a 4 ans, pour mesurer les progrès réalisés en la matière par les municipalités, sur qui repose l'initiative d'agir pour se mettre en conformité.
Selon ce dernier, alors que la dernière loi sur l'accessibilité des lieux recevant du public a été votée voilà bientôt dix ans, force est de constater que ses effets tardent à se faire sentir. La loi Handicap de 2005 fixait comme limite 2015 pour rendre accessible tous les établissements publics et privés aux personnes à mobilité réduite. Mais, alors que l'échéance se rapproche, un certain nombre de municipalités sont accusées de n'avoir pas mis en place les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif légal. L'association des paralysés de France (APF) rend son palmarès annuel des villes françaises les plus accessibles, auquel elle joint un rapport pointant le manque de volonté manifeste de nombreux acteurs publics.
Des progrès inégaux selon les villes
Comme dans tous les classements, il y a de bons et de mauvais élèves. L'association commence par célébrer la progression d'un point de la moyenne du groupe (de 12/20 en 2011 à 13,2 en 2012), qui est constitué des chefs-lieux de département. Elle délivre les médailles à Nantes, qui a été 3 fois la première du classement mais laisse cette année sa place à Grenoble. Et elle met au piquet les villes les moins concernées : Marseille, Besançon, Dijon, Valence et Bobigny. Le classement prend en compte le cadre de vie, les équipements municipaux et le dynamisme de la politique locale de mise en accessibilité.
Le baromètre mesure également le temps que mettent les différents secteurs d'activité à s'adapter, et dénonce la passivité des pouvoirs publics face à la réalité : les lieux les plus importants, comme l'école (52 % des écoles seulement sont accessibles), les cabinets médicaux et les logements (36 % des municipalités n'ont pas de recensement des logements accessibles), sont les plus longs à se mettre à la page. Les transports en commun, qui sont indispensables aux déplacements des personnes handicapées sont aussi visés : seulement 33 % d'entre eux seraient adaptés.
Plus largement, le rapport dénonce le "manque de volonté politique" qui a conduit à ne pas mettre en application la loi Handicap de 2005. Celle-ci prévoyait qu'au même titre que les autres citoyens, les personnes handicapées puissent effectuer seules des démarches administratives, organiser leurs déplacements, gérer leur quotidien et participer à la vie sociale, culturelle et associative de leur ville. L'association demande au gouvernement de créer une agence nationale de l'accessibilité, qui serait chargée d'établir un agenda politique, de financer des initiatives et de communiquer sur le centre de ressources "accessibilité.gouv.fr".
Sources : Association des paralysés de France.