La méfiance touche désormais nos fruits de saisons. Si l'on peut se réjouir d’en croquer cet été, il semblerait que la fraise renferme bon nombre de pesticides. L’enquête de Générations Futures, une ONG qui sensibilise sur les dangers des pesticides, dévoile que nos fraises d’origines française et espagnole contiendraient de fortes doses de pesticides parmi lesquels des substances interdites.
Ne déceler aucun pesticide sur nos aliments aujourd’hui paraît, malheureusement, peu probable. Herbicides, fongicides, insecticides, l’agriculture emploie bon nombre de substances nocives qui s’incrustent dans nos fruits et légumes. Pourtant, si un certain contrôle existe, les fraises seraient désormais dans le viseur après une récente étude publiée ce mercredi 10 juillet.
92 % de pesticides dans nos fraises
D’après l’enquête de Générations Futures, les fraises d’origines espagnole et française auraient un taux de pesticides élevé, mais l’association aurait également décelé certains pesticides interdits dans l’espace européen.
Après avoir analysé 49 échantillons de fraises cultivées en France et Espagne et vendues en Picardie et Haute-Normandie, l’organisation a découvert qu’environ 92 % des fraises contenaient des pesticides. Parmi elles, 71 % comportaient des pesticides perturbateurs endocriniens (PE), considérés comme de véritables dangers pour les femmes enceintes et les enfants. À noter par ailleurs que ces substances causeraient des troubles hormonaux et seraient sources de cancers.
Bien que les taux de résidus décelés respectent quasiment toutes les normes - un seul dépassement de limite a été remarqué en ce qui concerne l’acrinathrine -, Générations Futures souhaite sensibiliser sur les chiffres comparatifs entre la France et l’Espagne concernant les PE qui semblent considérables pour les deux pays. En clair, 65 % des fraises françaises ont au moins un résidu de pesticides PE conte 78 % pour leurs voisines espagnoles.
Usage de pesticides interdits depuis des années
Mais l’enquête alarme plutôt les consommateurs sur l’usage de certains pesticides identifiés pendant l’analyse. En tout, quatre de ces échantillons contenaient des pesticides interdits en Europe, et cinq autres contenaient des pesticides interdits dans les fraises. En tout, 18 % des fraises examinées en contiendraient.
Pour être plus précis, 2 échantillons français sur 26 contenaient de l’endosulfan, un insecticide interdit depuis 2005 en Europe, qui fait également partie de la liste des Polluants Organiques Persistants (POP). Enfin, toujours dans l’Hexagone, 3 autres échantillons contenaient des substances actives (flonicamide et acétamipride) autorisées en France mais pas sur la fraise.
En Espagne, les pesticides interdits découverts sont différents des nôtres. Deux échantillons sur 23 étaient constitués de carbosulfan, un insecticide également interdit depuis 2007 dans l’Union Européenne. Deux autres échantillons contenaient également des substances actives interdites sur les fraises : le spirotetramat et le dimetomorphe.
Une stratégie nationale sur les PE fortement attendue
L’ONG désire donc que le gouvernement se mobilise et prenne notamment plus de précautions à l’égard des perturbateurs endocriniens, leur taux étant encore trop élevé aujourd’hui. Mais elle souhaite également voir cesser au plus vite l’utilisation de pesticides interdits, le porte-parole de l’ONG, François Veillerette, jugeant cette situation "inacceptable". La prochaine stratégie nationale du Gouvernement concernant les perturbateurs endocriniens (SNPE) est donc fortement attendue.
Sources : Generations-futures et Enviro2b