En réalité, la pilule ne se contenterait pas d'être contraceptive, comme vient de le constater une étude danoise. Celle-ci limiterait en effet temporairement la fécondité féminine en abaissant la réserve ovarienne. Un phénomène que les médecins jugent normal.
Aujourd'hui, la pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé par les Françaises, et ce en dépit d'une baisse liée aux controverses sur les pilules de troisième et quatrième génération fin 2012 – début 2013. Ainsi, 41 % d'entre elles opteraient pour cette solution, selon les chiffres de l'Institut national d'études démographiques (Ined). Mais si la pilule est fiable à 99 % lorsqu'il s'agit d'éviter une grossesse via le blocage de l'ovulation, quel est l'effet sur la capacité des femmes à se reproduire ?
Pour répondre à cette question, le docteur Birch Petersen a réalisé une étude avec son équipe de l'hôpital universitaire de Copenhague, au Danemark. Les résultats de cette dernière ont été présentés lors du congrès annuel de l'European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE). En pratique, celle-ci a analysé la fertilité de 830 femmes âgées de 19 à 46 ans, ce qui lui a permis d'observer des résultats inattendus : la réduction de la réserve ovarienne des femmes sous pilule, autrement dit la baisse de la capacité à produire des ovocytes féconds.
Une réduction de la taille des ovaires en cas de prise de pilule
Afin d'évaluer cette réserve ovarienne, les médecins se sont penchés sur deux marqueurs : le nombre de follicules antraux et le niveau d'hormones de régression müllérienne (AMH). À noter que les follicules ovariens sont en quelque sorte des petits sacs stockant les ovocytes des femmes. Ces derniers sont dits "antraux" lorsqu'ils ne sont pas encore développés. Pour leur part, les hormones AMH se chargent de contrôler le développement des follicules.
Or, lorsque l'on prend la pilule, le nombre de follicules ovarien est réduit de 16 % en comparaison aux femmes n'y recourant pas, tandis que le taux d'hormones AMH recule de 19 %. Conclusion : la capacité de reproduction est réduite. En outre, chose également étonnante : les femmes sous pilule disposent d'ovaires environ 29 à 52 % plus petits que les femmes ne prenant pas la pilule. Un phénomène particulièrement répandu chez les 19-30 ans.
Cependant, les gynécologues estiment que ce mécanisme montre que la pilule joue bien son rôle. D'autre part, ils précisent que l'étude ne mentionne pas le taux de récupération des réserves ovariennes, après l'arrêt de la pilule. Toutefois, Birch Petersen et son équipe pensent que le médicament ne modifie pas les ovaires de façon permanente.
Sources : leparisien, topsante