Cette nouvelle va finir de mettre mal à l'aise les personnes fâchées avec les mathématiques : les plantes sauraient effectuer des calculs savants, en un temps record. Après avoir découvert qu'elles étaient organisées entre elles, qu'elles savaient prévoir un danger et qu'elles communiquaient grâce à leurs racines, se prévenant mutuellement des risques à venir, toutes les suppositions quant à leur intelligence étaient permises. Et si elles sont si intelligentes, elles devraient aussi savoir compter.
Des botanistes britanniques du Centre John Innes sont partis de l'observation que les plantes, quelles qu'elles soient, parvenaient à gérer leur stock de carbone malgré les durées variables d'exposition à la lumière. En journée, elles se servent du soleil pour capter le carbone du CO2 présent dans l'oxygène pour créer de la matière organique et ainsi survivre. La nuit, elles puisent dans leurs réserves d'hydrate de carbone (de l'amidon), puisque le soleil, absent, ne leur permet plus d'user de la photosynthèse. À chaque fois, elles puisent durant la nuit 95 % de leurs ressources, accumulées pendant la journée.
Une adaptation des ressources variable et intelligente ?
Partant du postulat que le soleil ne se lève pas toujours à la même heure – changement de saison, de zone géographique voire même tout simplement parce que les plantes sont enfermées dans votre salon, les volets fermés – les botanistes se sont alors demandés comment elles géraient leur stock de ressources. Afin de répondre à cette question, ils ont mis en place une expérience très simpliste mais dont les résultats sont pour le moins déroutants.
Ils ont placé des plantes dans des pièces sombres, dont ils contrôlaient l'arrivée du soleil. De cette façon, les cobayes étaient soumis à des nuits à durée variable. L'expérience porte sur une espèce très prisée par les botanistes, l'Arabidopsis thaliana (communément appelé Arabette des Dames). Malgré l'avancée artificielle ou le retard forcé de la nuit, ce pourcentage de 95 % des ressources se retrouvait.
Aussi, 2 hypothèses ont été avancées : soit la plante s'adapte au fil de la nuit – elle utilise des ressources, puis un peu moins chaque heure pour en économiser, et ce jusqu'à l'arrivée du soleil –, soit elle évalue dès le crépuscule la durée de la nuit, autrement dit, l'utilisation de ses ressources serait dans ce cas constante heure par heure.
Une maitrise poussée du calcul mathématique
Afin d'observer de quelle manière les plantes s'adaptaient, les scientifiques ont utilisé des plantes réglées sur un rythme de 12h de jour / 12h de nuit et ont changé la durée de la nuit qui pouvait alors être de 8h, 12h ou 16h. À chaque modification, la plante s'adaptait et ses ressources étaient utilisées à 95%... de manière constante ! Autrement dit, cette dernière "prévoit" la durée de la nuit. L'horloge interne de la plante "sait" qu'un cycle aube-aube dure 24h :
- si le soleil se couche brusquement au bout de 8h, l'horloge calcule 24h (temps total) moins 8h (temps d'ensoleillement), ce qui donne 16h de nuit ;
- elle divise alors son taux de ressources par le nombre d'heures de nuit.
Conclusion : les plantes savent soustraire et diviser.
Ainsi, pas d'inquiétude si vous vous autorisez une grasse matinée ou qu'il fait subitement sombre, les plantes ne sont pas dupes.
Peut-on parler de "mémoire" ou d'"intelligence" ?
D'autres expériences ont été menées, notamment l'insertion d'une petite période de soleil en pleine nuit afin de tromper les plantes et remettre à zéro leur horloge interne. Les plantes ne sont pas tombées dans le piège. Un autre test mettait en jeu une plante "éduquée" sur un cycle de 21h qui passait brusquement à 24h. La plante s'est alors trompée dans ses calculs, comme s'y attendaient les scientifiques. Elles auraient donc, en plus d'une calculette interne, une mémoire.
Si les scientifiques ne savent pas encore de quelle manière les plantes évaluent les durées de la nuit, ils supposent qu'il s'agit d'interactions chimiques entre deux variétés de molécules : la première informerait du temps restant avant l'aube en fonction de sa concentration, et la seconde avertirait de la quantité restante du stock, en fonction à nouveau de sa concentration. Les études se poursuivent donc afin de vérifier cette hypothèse, rapporte le Monde.