Clean Air Asia, un organisme qui milite pour l'amélioration de l'air dans les villes asiatiques, a lancé en décembre une campagne pour le moins insolite afin de dénoncer la pollution. Pour la combattre, l'organisation invite en effet non sans humour les citadins à laisser pousser leurs poils de narine.
De tous les temps, l'être humain a toujours réussi à tirer profit des situations les plus épineuses. Pour faire face à la pollution qui intoxique véritablement l'existence des citadins – c'est notamment le cas en Chine, désormais premier marché automobile mondial –, l'homme se résoudra-t-il à se laisser pousser les poils des narines ? C'est la question à la fois drôle et dramatique que pose l'organisation Clean Air Asia à travers une campagne déjantée baptisée Hairynose ("nez poilu"). Alors que l'air du métro parisien serait plus nocif que celle du périphérique, selon une étude de l'APEKHOM, une telle interrogation – aussi stratégique soit-elle –, interpelle.
Depuis le site internet de Clean Air Asia, l'internaute est invité à sélectionner une ville sur une carte de l'Asie. Un indicateur lui annonce alors aussitôt, en s'appuyant sur la qualité de l'air, la longueur des poils de narine qu'il devra prévoir s'il se rend prochainement sur place. Si la qualité de l'air est dite "mauvaise" à Shanghaï, où il est conseillé d'avoir le poil "long", la situation est encore plus alarmante à Calcutta, où l'atmosphère est même jugée "critique". Résultat : les poils de narine devront dans ce cas idéalement être aussi touffus qu'une chevelure. À l'inverse, une coupe plutôt courte est de mise dans la plupart des villes japonaises, où l'air est "excellent".
Sur son site, Clean Air Asia met par ailleurs à disposition un module amusant permettant d'uploader une photo et de lui ajouter les indispensables poils de nez. Et à travers une vidéo hilarante au vitriol – tout ici n'est que fiction –, une styliste du poil explique avec emphase de quelle manière elle lisse, taille, coupe ou même teint les poils sortant du nez de ses célèbres clientes. Chacun de ses rendez-vous débute par la pose d'un dispositif sur la tête de la jeune femme. Ensuite, la styliste s'affaire à déverser à l'aide de tuyaux l'air vicié des plus grandes villes asiatiques – Djakarta, Delhi ou encore Hong-Kong. L'effet ne se fait pas attendre et les poils poussent à vue d'œil pour ressembler à de véritables bacchantes. "Le poil de nez peut sauver des vies", conclut la styliste.
Un peu écœuré mais néanmoins curieux, vous décidez alors de cliquer sur le bouton "Don't adapt !" en bas à droite de l'écran. Car une chose est sûre : l'homme ne s'adaptera pas à la pollution mais trouvera des solutions pour la combattre. Vous parvenez alors sur le site Clean Air Portal, où de nombreuses solutions sont évoquées pour éviter les scénarios catastrophe. À l'image d'une initiative lancée en Allemagne dans les années 1980 alors que des pluies acides menaçaient les forêts, Clean Air Asia recommande entre autres aux habitants de remonter sur leur vélo pour ainsi se passer d'une partie des voitures. À l'heure où Pékin connait ces dernières semaines le plus grave pic de pollution de son histoire – certains médias ont appelé cet incident "Airpocalypse", de telles initiatives font sens.
Aujourd'hui, les principaux responsables de ce fléau sont le chauffage au charbon, les industries polluantes, l'absence de vent et le trafic automobile. Reste à savoir si les pays asiatiques prendront la mesure de ces désastres écologiques et sanitaires dans les années à venir.
Sources : Clean Air Asia, Clean Air Portal, Le Monde, Npr