Malgré l’explosion des prix de l’électricité et du gaz sur le marché de gros européen, les prix proposés sur le marché de l’électricité français demeurent sensiblement les mêmes. Pour l’instant, les foyers français profitent de l’efficacité du bouclier tarifaire. Pourtant, l’ascension continuelle des prix sur le marché européen, conséquence directe du choc gazier, pourrait, tôt ou tard, se répercuter sur la facture énergétique des particuliers.
Le bouclier tarifaire plafonne l’augmentation des prix réglementés de l’électricité sur l’année, en plus de geler le tarif du gaz. Cependant, l’État devra éventuellement envisager l’augmentation des prix sur le marché français.
Marché de gros et marché de détails de l’électricité
Le marché français de l’électricité n’est pas autosuffisant. En effet, la production de l’électricité distribuée aux consommateurs français, particuliers et professionnels, n’est assurée qu’en partie par les centrales nucléaires et à gaz du pays. Le reste est importé des voisins européens de la France. Cet échange s’effectue sur le marché de gros, au sein duquel l’électricité est vendue aux fournisseurs d’énergie. Ces derniers s’occupent ensuite de la revendre aux consommateurs finaux (particuliers et professionnels français), suivant le tarif réglementé, un tarif fixe ou le prix du marché. Concrètement, le prix de l’électricité sur le marché intérieur du pays doit logiquement fluctuer en fonction de l’évolution des tarifs sur le marché de gros.
Crise énergétique et envolée des prix
Le prix global de l’électricité sur le marché de gros européen fait actuellement l’objet d’une ascension drastique. La crise énergétique est établie, avec des prix vertigineux jamais observés dans l’histoire. Le mégawattheure (MWh) qui ne coûtait que 85 € l’année 2021 a officiellement dépassé la barre des 1000 € fin août 2022. Cette hausse conséquente des tarifs de l’électricité est le résultat direct de :
- La flambée des prix du gaz, causée par la guerre en Ukraine qui a déjà des impacts sur le marché de l’immobilier, et entraînant immanquablement la hausse des coûts de production dans les centrales à gaz. Pourtant, celles-ci jouent, depuis la reprise économique post-covid, un rôle pilier dans la production française actuelle d’électricité.
- L’arrêt temporaire de plus de la moitié des centrales nucléaires françaises (32 réacteurs hors service sur 56), rendant la France dépendante du marché de gros où les prix du gaz influent directement sur les tarifs de l’électricité.
Le rôle du bouclier tarifaire face à la flambée des prix
Afin de limiter au maximum l’impact de l’envolée des prix de l’énergie sur le marché français de l’électricité, l’État a mis en place un dispositif spécifique de régulation : le bouclier tarifaire. Son instauration entre dans le cadre de la loi de finances rectificative de 2022 et prévoit, concrètement, de contenir la hausse intérieure des prix de l’électricité à 4%. Grâce au bouclier tarifaire, les ménages et entreprises français ne souffrent pas directement des retombées de la crise énergétique. Cependant, le bouclier tarifaire n’est pas définitif. Son financement, pour amortir le maintien des tarifs face à la flambée des prix de gros, coûte cher à l’État qui continue à inciter les foyers à faire des économies d’énergie.