D'après la nouvelle estimation de l'Organisation mondiale de la santé, rendue publique mardi 25 mars, la pollution de l'air a été responsable d'un décès sur huit à l'échelle de la planète, autrement dit 7 millions de morts. C'est nettement plus que le tabagisme (un décès sur 10).
À l'heure où la France et l'Europe occidentale, qui sortent à peine d'une période de pollution sans précédent, s'apprêtent à traverser un nouvel épisode de pollution atmosphérique ce jeudi, l'OMS publie une estimation de la surmortalité attribuable à la mauvaise qualité de l'air. À travers cette dernière, l'Organisation mondiale de la santé souligne qu'il s'agit dorénavant du "principal risque environnemental pour la santé dans le monde".
En comparaison aux dernières estimations de cette dernière, qui datent de la fin des années 2000, le résultat a presque doublé. Une augmentation qui s'explique par la recrudescence de l'incidence des maladies relatives à la pollution atmosphérique, mais également par des techniques d'analyse désormais plus détaillées. Outre la base de données habituelle de pollution de l'air, l'OMS s'est en effet servi de données d'observation satellite et de modèles évaluant la façon dont la pollution se déplace dans l'atmosphère. Grâce à ces avancées, les experts ont notamment pu mesurer l'exposition des populations rurales, chose qui n'était pas possible auparavant.
Tout le monde serait touché par le phénomène
Comme nous vous l'indiquions en début de semaine, l'OMS estime que 4,3 millions de décès sont relatifs chaque année à la pollution de l'air intérieur, et 3,7 à la pollution de l'air extérieure. Mais sachant qu'un million de personnes sont décédées prématurément des suites d'une exposition combinée, le total est bien de 7 millions de morts, et non de 8 millions. À noter que cet excès a été mesuré dans le cas d'une situation où le niveau de pollution serait légèrement en dessous des valeurs guides de l'OMS, à savoir 10 microgrammes par mètre cube (µg/m3) concernant les PM2,5.
En outre, l'OMS a fait savoir que les plus importants dégâts relatifs à la pollution intérieure sont de mise dans les pays en développement, où les foyers émettent de nombreux polluants, pour le chauffage et la cuisson entre autres. Les décès relatifs à ces phénomènes sont surtout induits par des accidents vasculaires cérébraux (34 %), des maladies cardiaques ischémiques (26 %), la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO, 22 %), des infections aigües des voies respiratoires chez l'enfant (12 %) et le cancer du poumon (6 %).
Concernant la surmortalité liée à la pollution extérieure, elle est entraînée à 80 % par des maladies cardiaques ischémiques et des accidents vasculaires cérébraux, à 11 % par la BPCO et à 6 % par le cancer du poumon. Rappelons que la pollution de l'air ambiant concerne à la fois les pays en développement mais aussi ceux à revenus élevés. En Europe occidentale, par exemple, celle-ci provoque la mort de 280 000 personnes par an : c'est beaucoup plus qu'en Amérique du Nord, où 94 000 personnes décèdent des suites de la pollution.
Dans le cas de la France, l'Institut de veille sanitaire (InVS) juge que si les valeurs guides de l'OMS étaient respectées, 2 900 décès par an pourraient être évités.
Des résultats probablement en dessous de la réalité
Pour le département santé publique de l'OMS, il est probable que ces résultats soient encore en dessous de la réalité. Pourquoi ? Parce que la méthodologie appliquée ne prend pas en compte un certain nombre d'effets suspectés, car il est nécessaire que le lien avec la pollution atmosphérique soit avéré scientifiquement. Résultat, certains troubles sanitaires, pourtant statistiquement reliés à la mauvaise qualité de l'air, ne font ainsi pas partie des analyses. C'est le cas du risque de cataracte, des naissances prématurées, de la transmission de la tuberculose, de la réduction des facultés cognitives ou encore du risque de démence. Des pathologies qui sont reliées à l'exposition chronique de dioxyde d'azote, diffusé entre autres par les moteurs diesel.