Face à l’indignation de sept Prix Nobel, d’un titulaire de la médaille Fields et de la communauté scientifique française, François Hollande a décidé de renoncer en partie à la coupe budgétaire prévue dans la recherche. Lundi dernier, le Chef de l’État a reçu à l’Élysée six grands chercheurs, figurant parmi les auteurs de la tribune parue dans Le Monde.
Lors de cette rencontre, François Hollande a annoncé aux chercheurs l’annulation du projet de décret qui aurait privé l’INRA, le CEA, le CNRS et l’Inria de 134 millions d’euros de crédits. D’après un conseiller, le président ignorait cette décision jusqu’à la parution de l’article dans Le Monde le 23 mai 2016.
Une décision controversée
Le projet de décret annulant les crédits de la mission recherche et enseignement supérieur avait été validé par Matignon malgré les avis défavorables des commissions des finances du Sénat et de l’Assemblée nationale. Selon le ministère de l’Éducation nationale, de la recherche et de l’enseignement, ces coupes budgétaires seraient sans conséquence sur le fonctionnement des établissements de recherche. Il s’agirait en effet d’un excédent de trésorerie. Ainsi, Bercy espérait récupérer les 134 millions d’euros pour renflouer le budget affecté aux dépenses nouvelles annoncées en début d’année.
Les scientifiques satisfaits
Le Chef de l’État a décidé promptement de revenir sur cette coupe budgétaire pour apaiser la grogne de la communauté scientifique. D’après son conseiller, François Hollande ne veut pas ternir l’image de la France en donnant à voir un gouvernement qui néglige la recherche scientifique. Les chercheurs renommés invités à l’Élysée lundi dernier se sont déclarés satisfaits et soulagés de cette décision du Chef de l’État. D’après eux, le président a pris en compte leurs arguments sur la nécessité de multiplier les efforts dans la recherche pour susciter l’intérêt des jeunes et éviter que survienne un décrochage de la France par rapport aux pays concurrents.
134 sur 256 millions d’euros
Pourtant, cette annulation ne concerne que 134 millions d’euros sur les 256 millions d’euros prévus par le projet de décret annoncé. Les établissements de recherche dans le domaine de l’espace, de l’énergie et de l’environnement figurent parmi les grands perdants avec 61 millions d’euros de crédits supprimés. Il en va de même pour les universités. Cette situation n’est pas nouvelle. En effet, de 2013 à 2015, le crédit accordé à la mission recherche et enseignement supérieur a diminué de 0,3%.
Un exemple pour les autres
Si cette décision présidentielle ne devrait présenter aucun problème, Bercy craint qu’elle ne fasse tache d’huile. D’autres pourraient s’en inspirer à l’heure des négociations sur le budget 2017.