Les interdictions de substances chimiques jugées néfastes pour la santé se sont enchaînées en nombre au cours des derniers mois. Après le bannissement de certains pesticides et l’éviction d’additifs alimentaires, c’est maintenant au tour des encres de tatouage de passer à la moulinette des normes. À terme, le panel de couleurs des artistes tatoueurs se verra réduit de 60%, une nouvelle réglementation que les acteurs du métier ne voient pas d’un bon œil.
L’Union européenne a banni, le 4 janvier dernier, un grand nombre de pigments chimiques utilisés pour les tatouages. Ce qui justifie cette prise de décision : la mise au jour de la toxicité de ces colorants, qui tapissent la peau de près de 12% de la population européenne, pour former ces œuvres d’art indélébiles. Tour d’horizon.
Une menace pour la santé des citoyens tatoués
Les tatouages sont une tendance intemporelle qui a évolué et s’est diversifiée au fil des années. Les couleurs des encres utilisées dans le processus s’obtiennent grâce à un mélange d’additifs et de pigments spécifiques, allant des métaux au méthanol, en passant par des colorants azoïques. Ce sont ces composants chimiques que l’Union européenne a remis en cause à travers une étude menée par leur agence chargée des produits chimiques. Prônant la protection de la santé des citoyens d’Europe, l’union a officiellement décrété l’interdiction d’un nombre conséquent de ces pigments de tatouage. Le texte rapporté par le journal officiel de l’UE associe cette réglementation restrictive à la toxicité des substances énoncées et au danger potentiel que représente leur injection directe sous la peau.
Encres de tatouage, ou poison à retardement pour l’organisme ?
Suite à l’annonce de l’Union européenne, ceux qui ont longtemps hésité à franchir le cap vont devoir y réfléchir à deux fois avant de se demander quel tatouage choisir. L’Agence européenne des produits chimiques, ou ECHA, n’a pas lésiné sur les détails de ses analyses. Elle qualifie de potentiellement cancérigènes les composants chimiques présents dans les encres de tatouage qu’elle cible à travers la nouvelle réglementation. Au total, 25 pigments, notamment ceux qui entrent dans la composition des nuances jaune, orange et rouge, ont été évincés de la liste le 4 janvier dernier. De même, le seuil de concentration de certains additifs chimiques, que l’ECHA associe à des risques d’allergies cutanées ou de mutations génétiques, est désormais soumis à une limitation conséquente.
Une décision qui a fait couler de l’encre dans le secteur
À l’annonce de ces nouvelles restrictions européennes concernant des pigments de tatouage jugés toxiques, les tatoueurs ont aussitôt fait part de leur indignation. Le Syndicat national des Artistes Tatoueurs (SNAT) souligne ainsi les répercussions négatives de cette décision sur l’avenir du secteur. Les principaux concernés dénoncent en parallèle l’absence d’initiative pour mettre à leur disposition des produits alternatifs compensant les pigments proscrits. D’ailleurs, les tatoueurs européens ne sont malheureusement pas au bout de leur surprise. En effet, une deuxième partie de la nouvelle réglementation prévoit l’interdiction des pigments bleus et verts, essentiels à la réussite d’un tatouage, d’ici un an.