Dans sa dernière étude, l'UFC Que Choisir remet en cause les marges des opticiens et le prix prohibitif des lunettes. Selon l'association, les montures des consommateurs français sont 50 % plus élevées qu'ailleurs. Résultat : leur budget lunettes n'est autre que le plus lourd d'Europe.
L'enquête "Distribution de l'optique : Examen à la loupe d'un marché juteux", rendue publique mardi 23 avril par l'association de consommateurs UFC Que Choisir, dresse un portrait pour le moins accablant des opticiens hexagonaux. D'une part, l'UFC Que Choisir montre que la taille du réseau de magasins, démesurée, est inadaptée en comparaison des besoins des Français. Ainsi, révèle l'étude, un magasin vend en moyenne 2,8 paires de lunettes par jour ouvré, sur lesquelles la totalité des coûts fixes sont de fait répercutés.
Conséquence : ce n'est autre que le consommateur qui paye les pots cassés de ce déséquilibre. Et compte tenu de l'opacité tarifaire de mise dans le secteur, le consommateur n'est en mesure qu'à de très rares occasions de faire jouer la concurrence. C'est de cette façon qu'il se retrouve à payer sa paire de lunettes "3,3 fois son prix d'achat". Une façon pour l'opticien de dégager "une marge brute de 275 euros" à chaque paire vendue, autrement dit "un taux de marge de 233 %". Un taux qui atteint même par ailleurs en moyenne 317 % sur les verres.
L'une des principales causes de renoncement aux soins en France
Tout en regrettant "l'absence de régulation publique", l'association UFC Que Choisir préconise la mise en place d'un encadrement de l'activité des opticiens. En outre, elle recommande l'examen par le Sénat d'une proposition de loi dont l'objectif est de permettre aux mutuelles le développement de réseaux de soins, à même de faire chuter les prix. Ce qui reviendrait à autoriser ces mutuelles à négocier des baisses de prix avec les vendeurs qu'elles auront choisis.
Un effet qui serait le bienvenu à l'heure où le budget lunettes des Français – 50 % plus important que la moyenne – est le plus massif d'Europe et que le prix des lunettes, excessif, est la deuxième cause de renoncement aux soins dans l'Hexagone. Pour rappel, la ministre de la santé, Marisol Touraine, avait elle aussi insisté courant octobre sur le besoin d'une régulation du prix des lunettes en s'appuyant sur les réseaux de soins mutualistes.
Une alternative pour faire baisser les prix : la vente par internet
Même si les Français ne sont pour l'heure que 2 % à acheter des lunettes sur internet, comme le démontre une étude du Crédoc publiée fin 2012 et mentionnée par le site internet Acuité, reste que cette méthode marginale pourrait prochainement porter ses fruits en permettant de faire reculer les prix. C'est en tout cas ce que plaident les acteurs du secteur tels que Marc Simoncini, fondateur du site de vente de lunettes en ligne Sensee.
Certains professionnels voient néanmoins ce mode de vente d'un mauvais œil, pointant dans ce cas de figure l'impossibilité de prendre correctement les mesures de chaque individu. Résultat : il serait difficile d'adapter précisément les lunettes à la posture de chacun.
Dans l'optique de préserver la qualité du service tout en entrainant une chute des prix, d'autres moyens existent toutefois, parmi lesquels les solutions dites "multicanal". Le procédé est simple : le client doit choisir sa paire de lunettes sur internet pour ensuite se rendre chez un opticien pour les récupérer. Une technique qui permettrait d'aboutir à des tarifs – à qualité égale – "40 % moins chers qu'un opticien traditionnel", d'après Philippe Wargnier, fondateur d'Evioo, un site proposant cette solution.
Sources : Que Choisir, Libération, France Info, Le Figaro