À l'heure où le GIEC vient de rendre ses conclusions sur le réchauffement climatique, une étude de la revue Nature renforce de nouveau l'inquiétude sur l'évolution des températures ces prochaines années. Selon elle, les pics de chaleur deviendront dès 2047 monnaie courante, dépassant tous les records enregistrés jusqu'à présent.
La hausse des températures est désormais inéluctable. Il y a quelques jours, le Groupement international des experts climatiques (GIEC) est arrivé à la conclusion que la température moyenne de la Terre monterait de 0,3°C à 4,8°C, tandis que le niveau de la mer passerait de 26 à 82 cm. La cause de ce phénomène ne serait autre que nous.
Dans le même temps, la revue Nature a rendu public jeudi 10 octobre une étude encore plus inquiétante que les chiffres du GIEC. Selon l'équipe de chercheurs à l'origine de cette dernière, les étés ressembleront alors en permanence aux pires canicules que nous avons traversé jusqu'à présent. À tel point que les pics de chaleur se banaliseront.
Pour en arriver à ce résultat, les scientifiques ont synthétisé les conclusions de plus d'une quarantaine de modèles climatiques, en se basant sur les recherches d'une quinzaine de pays. Ce qui leur a permis d'obtenir une simulation des transformations de notre atmosphère et de nos océans induites par les émissions de gaz à effet de serre (si celles-ci restent dans la proportion actuelle).
La moitié de la Terre va basculer en 2047
Par la suite, les chercheurs ont établi une carte du monde montrant, pour chacune des régions de notre planète, à quelle date la température moyenne annuelle dépassera sur le long terme celle des années les plus caniculaires jamais enregistrées au même endroit. Ainsi, le basculement est prévu pour 2054 pour l'Hexagone, avec une marge de plus ou moins cinq ans. En d'autres termes, cela veut dire qu'à compter de cette période, même les années les plus froides seront plus chaudes que n'importe quelle année entre 1860 et 2005.
Mais ce n'est pas tout, puisqu'un certain nombre de régions tropicales seront touchées par le phénomène nettement plus tôt, comme en Indonésie (2020), au Nigéria (2029) ou encore au Mexique (2031). Conclusion : dans le cas où l'activité humaine continuerait la trajectoire prise jusqu'à présent, la moitié de notre planète sera plus chaude.
Mais qu'en serait-il en cas d'amélioration en termes d'émissions de gaz à effet de serre ? Les scientifiques estiment que l'on pourrait alors s'attendre à un sursis jusqu'en 2069 dans le monde et 2084 en France, dans le meilleur des cas.
Les pays les plus touchés sont les moins responsables du phénomène
Paradoxalement, ce sont les états ayant le moins entraîné le changement climatique qui seront touchés en premier. Problème : ces derniers sont aussi ceux ayant le plus de difficultés à prendre les mesures nécessaires dans ce type de situation, comme l'explique Ryan Longman, par ailleurs auteur d'une carte interactive disponible sur le site du Washington Post.
Aujourd'hui, même s'il est encore trop difficile d'évaluer et de quantifier réellement l'étendue des dégâts supposés par le réchauffement climatique, il ne fait aucun doute qu'elles seront désastreuses. Ainsi, des écosystèmes disparaîtront intégralement, chose que l'on n'a pas vue depuis des millions d'années, détaille le climatologue Ken Caldeira. Aussi, 1 à 5 milliards de personnes seront touchées.
À noter que, contrairement aux idées reçues, l'année la plus chaude observée en France depuis 1900 n'est non pas 2003 (célèbre pour sa canicule), mais 2011, année au cours de laquelle les températures ont dépassé de 1,5 °C la moyenne calculée entre 1971 et 2000.