Une étude menée par l'association 60 millions de consommateurs a révélé ce lundi que 10 % des bouteilles étudiées, et ce quelle que soit la marque, renferment des résidus de médicaments et de pesticides. Des proportions cependant sans danger pour la santé mais qui pose la question de la contamination de l'environnement.
L'association 60 millions de consommateurs a récemment identifié à travers une étude rendue publique lundi 25 mars des traces de pesticides, de médicament contre le cancer du sein et des vasodilatateurs. Si ces derniers, présents dans 10 % des bouteilles d'eau examinées sont selon les spécialistes inoffensifs pour la santé, leur présence remettrait toutefois en question la "qualité de la ressource globale", comme le souligne 60 millions de consommateurs et la Fondation France Libertés.
Dans un entretien donné à l'AFP, le rédacteur en chef de 60 millions de consommateurs, Thomas Lourenceau, a tenu à rappeler qu'aucun problème de qualité n'était mis en perspective et que les eaux étudiées étaient en tout point buvables. Et de préciser que les traces identifiées sont de l'ordre du millième de micron, ce qui est réellement infime. Néanmoins, si l'intégrité des embouteilleurs n'est absolument pas contredite, Thomas Laurenceau a tout de même appelé à réévaluer les normes de qualité, en s'appuyant notamment sur les nouveaux polluants observés.
Quid de la réglementation de la pureté des eaux minérales
47 bouteilles d'eau et 3 bombonnes d'eau ont été étudiées au cours de l'enquête de 60 millions de consommateurs, sans oublier des échantillons d'eau du robinet prélevés dans trois départements. Résultat : 37 d'entre elles ne contenaient aucune trace d'une seule des 85 molécules sondées. À l'inverse, 10 bouteilles d'eau renfermaient des résidus de médicaments et des pesticides.
Chose étonnante, une hormone de synthèse utilisée pour traiter le cancer du sein, le tamoxifène, a été repérée dans les marques suivantes : Mont Roucous, Saint Yorre, Salvetat, Saint Armand (Du Clos de l'Abbaye) et Carrefour Cristaline). Suite à la contestation des embouteilleurs – qui ont notamment évoqué une méthodologie produisant de "faux positifs", le magazine 60 millions de consommateurs a indiqué avoir procédé à deux autres analyses.
Des traces de désherbants dans la Vittel et la Volvic
Suite à ces dernières, la présence des médicaments évoqués a pu être confirmée, sans que le magazine soit en mesure d'en préciser l'origine. Des analyses à plus grande échelle viennent toutefois d'être lancées. À noter par ailleurs que des vasodilatateurs tels que le Buflomédil et le Naftidrofuryl ont également pu être repérés, le premier dans l'Hépar, le second dans la Saint-Armand.
D'autre part, des résidus d'Atrazine et d'Hydroxyatrazine – des désherbants interdits en 2001 mais connus pour être particulièrement persistants – ont été retrouvés dans la Vittel (Grande source), la Volvic (Clairvic), la Cora (Saint-Pierre) et la Cristaline (Louise). En définitive, comme le précise 60 millions de consommateurs, il n'y a pas de marque plus dangereuse qu'une autre mais un problème a cependant été mis au jour : les micropolluants, bien que présents dans une proportion infinitésimale, ne devraient pas être là.
Qu'en est-il pour l'eau du robinet ?
S'agissant de l'eau du robinet, huit des dix prélèvements réalisés renferment pour leur part 1 à 4 des 85 molécules traquées. On y retrouve notamment des pesticides et une nouvelle fois, surtout en région urbaine, des traces de tamoxifène, entre autres à Rennes et à Limoges. Concernant les bombonnes, des résidus de Diéthylphtalate ont pu être observés dans l'Obio, mais aussi du Bisphénol A, de l'Atrazine et même un retardateur de flammes dans la Culligan Val-de-Marne.
En conclusion, 60 millions de consommateurs estime qu'au-delà de la faible teneur dans l'eau potable de ces micropolluants, leur variété devrait nous amener à nous interroger sur "les potentiels effets cocktail".
Sources : 60 millions de consommateurs, Le Monde