À partir de 2019, les cadres du secteur privé refusant de décaler leur départ en retraite d’un an subiront un malus temporaire sur leurs pensions complémentaires. En revanche, s’ils prolongent leur période d’activité de deux à quatre ans, ils bénéficieront d’un bonus pouvant aller jusqu’à 30%. Décryptage.
La fusion des caisses de retraite ARRCO et AGIRC a entraîné une réforme majeure pour les travailleurs. Les cadres rémunérés en deçà d’un certain seuil sont les plus concernés par ces nouvelles mesures. Ils risquent notamment de subir un malus de 10% sur leur retraite complémentaire s’ils refusent de retarder leur départ.
Bonus/malus ARRCO-AGIRC
La fusion de l’ARRCO et de l’AGIRC a été négociée en 2015 afin de rétablir l’équilibre financier entre les deux caisses de retraite. Cette décision entraîne une importante réforme concernant les retraites complémentaires dès le 1er janvier 2019. À compter de cette date, un malus de 10% sera appliqué aux salariés nés à partir de 1957 et décidant de cesser leur activité avec le minimum de trimestres de cotisation nécessaires. Cette pénalité sera valable durant trois ans et affectera uniquement leurs pensions complémentaires.
Les travailleurs acceptant de rempiler pour au moins un an pourront échapper à cette mesure. S’ils prolongent leur activité de deux ans, les salariés du privé bénéficieront même d’un bonus de 10% durant la première année. Pour quatre ans de travail en plus, le bonus atteindra les 30%. Ainsi, les employés auront droit à une retraite particulièrement avantageuse s’ils disposent de tous leurs trimestres de cotisation et souhaitent continuer dans leur secteur. Toutefois, au cas où ils envisagent de partir une fois ce quota atteint, ils devront calculer avec minutie leur retraite pour ne pas tomber dans les pièges du malus. Par exemple, si les trimestres sont complets en 2018, il vaut mieux partir sans hésiter. De cette manière, le travailleur pourra éviter l’application de la réforme.
Objectifs de la réforme des retraites
Le bonus/malus ARRCO-AGIRC s’inscrit dans le cadre de la révision du système de retraite en France. Cette réforme a été mise en place en se focalisant sur deux principaux objectifs. L’État vise notamment à simplifier la gestion des caisses de retraite complémentaire. Pour y parvenir, il s’est avéré nécessaire d’uniformiser les cotisations des différentes catégories socioprofessionnelles en deux tranches. Le seuil de revenus de 39 000 € brut par an permet de les départager.
D’autre part, ces mesures cherchent à mutualiser les ressources financières de l’ARRCO et de l’AGIRC pour sauver cette dernière. En effet, elle s’est retrouvée en difficulté en raison du faible ratio actifs/retraités dû au vieillissement de ses cotisants. La caisse de retraite commençait à avoir du mal à assurer le paiement des pensions des bénéficiaires. Cependant, cette simplification et ce sauvetage risquent de pénaliser les professionnels gagnant en deçà de 39 000 € annuel. Par ailleurs, la réforme implique la fin de 37 régimes spéciaux pour les retraités.