Une équipe de scientifiques américains sont parvenus, pour la première fois, à créer des cellules souches embryonnaires humaines à partir de cellules de peau. Leurs travaux, rendus publics le 15 mai 2013, informent qu'il est désormais possible de recréer des cellules souches identiques à celles de l'individu auxquelles elles sont prélevées. Cette nouvelle fait trembler les chaumières. Mais attention, un clonage de cellules ne signifie pas pour autant que demain vous pourriez croiser votre double.
Tout le monde se rappelle de l'explosion de joie, de peur ou de rage lorsqu'en 1996, des scientifiques américains annonçaient la naissance de Dolly, une brebis clonée. Cependant, le clonage existait avant, et a continué après.
50 ans d'essai et une nouvelle étape franchie
En 1952, des scientifiques avaient réussi à cloner une grenouille, comme l'explique Maurice Wegnez, directeur du laboratoire Développement et évolution au CNRS. Mais cloner un mammifère est plus compliqué, du fait de son métabolisme différent. De grands scientifiques avaient déclaré à l'époque que le clonage était impossible en soi. Pour ce faire, les scientifiques ont remplacé le noyau d'un ovocyte par une cellule de brebis adulte, qui s'est démultiplié.
La brebis Dolly a donc hérité de la totalité du patrimoine génétique d'un seul être, faisant d'elle le fruit d'une reproduction asexuée. A peu près 50 ans plus tard, des scientifiques de l'Université de la santé et des sciences d'Oregon (Oregon Health and Science University, nord-est) surpassent les travaux des créateurs de Dolly, en parvenant à cloner des cellules souches embryonnaires.
L'apport immense pour la médecine
Si les scientifiques travaillent sur les cellules souche embryonnaires, c'est parce qu'elles détiennent certaines particularités qui les distinguent des 200 autres cellules de l'organisme. L'une de ces particularités, c'est qu'elles se multiplient sans limite. Aussi, greffées à un individu souffrant des maladies telles que Parkinson, sclérose en plaque ou encore des pathologies cardiaques, elles seront d'une grande aide et, qui sait, pourraient aider à la rétractation complète de la maladie.
Pour parvenir à ce succès, les chercheurs ont greffé un noyau d'une cellule de peau à un ovule dépourvu de son matériau génétique. Le noyau contient l'ADN de son propriétaire, au contraire de l'ovule, relaie le Nouvel Obs d'après l'AFP. Cependant, celui-ci développe des cellules, similaires au noyau qui lui a été implanté. Autrement dit, un malade de parkinson se fera implanter ses propres cellules, boostées,.
Les limites morales, juridiques et géographiques
Depuis la loi du 6 août 2004 relative à la bioéthique, le clonage reproductif humain est interdit en France, et plus largement dans le monde, à cause de limites morales et juridiques : quel serait le statut de cet être créé en laboratoire : humain ou expérience ? Qui seront ses parents légitimes ? Fera-t-il l'objet de la même législation ? etc. Vous l'aurez compris, il est encore impossible de se dédoubler.
Cependant, l'exploit des scientifiques concerne le clonage thérapeutique, dont le but est de soigner certains patients à l'aide de cellules clonées à partir d'eux-mêmes, afin d'éviter les risques de rejet. Les cellules restent chez la même personne, et ne servent pas à procréer. Néanmoins, il est interdit en France, depuis 2004, tout comme en Allemagne. Partant du principe que l'Homme n'est pas un objet et que l'humanité est remise en cause dans le clonage, celui-ci est interdit formellement.
En Angleterre, il est autorisé depuis 2002 et sous certaines conditions de recherche. Il est aussi autorisé en Belgique par exemple. Aux États-Unis, il est interdit d'utiliser le clonage thérapeutique dans le domaine public, mais rien ne précise son utilisation dans le privé. En revanche, certains États l'autorisent. Cette avancée remettant le sujet au goût du jour, les débats vont reprendre, et les décisions changeront peut-être.