Bénéficier d'un revenu sans travailler. Une utopie ? Non, une réalité ayant pour appellation le "revenu de base". Si l'idée peut faire rire ou effrayer certains, elle trouve de nombreux défenseurs à droite comme à gauche, et est déjà en cours d'application en Finlande. Focus sur une nouvelle façon d'aborder le travail !
Le ministère des Affaire sociales et de la Santé finlandais a indiqué, jeudi 25 août, la mise en place d'une enquête publique sur le revenu de base jusqu'au 9 septembre 2016. Ainsi, 2000 Finlandais, en âge de travailler, seront choisis au hasard quelque soit leur statut social pour bénéficier de 560 euros par mois. Le but ? Promouvoir l'emploi, réduire la bureaucratie et simplifier le système complexe des aides sociales. Mais comment financer un tel revenu ?
Financer le revenu de base
Le revenu de base est versé par une communauté politique à tous ses membres de la naissance à la mort sur base individuelle. Et ce sans contrepartie avec un montant ajusté de façon démocratique. Diverses solutions affleurent autour de ses moyens de financement et 8 d'entres elles sont répertoriées sur le site du MFRB (Mouvement Français pour le Revenu de Base).
Certains proposent de taxer les profits des multinationales afin de mettre fin à leur monopole et aux niches fiscales et améliorer ainsi la coordination fiscale entre les Etats. D'autres y mêlent l'écologie avec la distribution des recettes de la contribution énergie/climat sous forme de chèque vert (rapport de Michel Rocard sur la constitution d'une taxe carbonne, 2009). L'économiste Marc de Basquiat revendique la fin du RSA avec la transformation de ce dernier en impôt universel de redistribution des revenus (IURR) : au lieu de recevoir moins d'aides du RSA lorsqu'il touche un salaire, l'individu perçoit la même rétribution quelque soit sa paie.
Libérer le travailleur
Pour beaucoup, la principale motivation au travail est l'argent. Elle induit un rapport de domination de l'employeur sur le salarié, qui est prêt à travailler dans de mauvaises conditions pour subvenir à ses besoins. Il est souvent dit qu'avec un revenu de base, le travail deviendra alors une valeur inutile dans notre société. Or selon Damien Vasse, coordinateur du MFRB, "le travail n'est pas une question d'argent. Prenez le bénévolat et le travail domestique : les gens travaillent mais ne sont pas rénumérés".
La preuve en est : dès 2008, les habitants du village d'Otjivero (Namibie) se sont vus distribuer 100 dollars namibiens (ou 10 euros) par mois pendant 2 ans. Résultat ? De nouvelles activités économiques ont vu le jour tandis que le taux de criminalité et d'alcoolisme ont largement diminué, et le taux de scolarisation a grimpé à 90%. Ainsi, ne plus être dépendant de l'argent permettrait aux individus de faire du travail un objet de développement personnel et de créativité, et non plus ce qui le définit dans son étymologie : un instrument de torture ou "tripalium" en latin.
Une idée approuvée des deux bords politiques
Aux premiers abords, le revenu universel fait écho aux valeurs d'extrême-gauche à travers sa valeur libératrice et le souci de subvenir aux besoins de tous. Pourtant, de nombreux politiciens de droite l'ont défendu comme Christine Boutin, Dominique de Villepin ou Marine Le Pen. Il est effectivement bien apprécié des libéraux qui y voient la libération de charges comme le versement du SMIC ou de l'assurance maladie.
Néanmoins, le sujet fait débat sur son mode de financement et la valeur du montant. Marc de Basquiat et Christine Boutin souhaitent l'arrondir à 400 euros tandis que d'autres comme l'économiste Bernard Friot veulent l'élever autour des 1500. Ce dernier remet largement en cause le revenu de base et lui préfère ce qu'il nomme le "salaire à vie". Calqué sur le mode de rénumération des fonctionnaires, il permettrait de mettre fin une fois pour toute au profit et faire du revenu de base le levier d'une véritable révolution économique. Et d'autres comme le premier Ministre Manuel Valls tentent de reprendre l'idée sous la forme d'un "revenu minimum d'existence" en lui ôtant sa substance : l'absence de ressource ou d'obligation de travailler.
Sources : revenudebase.info, 20minutes.fr, HuffingtonPost.fr