Dès lors qu’il est question de jeu de société, un nom surgit, presque par réflexe, dans nos pensées : le Monopoly. Ce jeu, qui existe officiellement depuis les années 30, se veut le plateau de jeu de société le plus célèbre au monde. Plus de 250 millions d'exemplaires ont été écoulés, avec des plateaux traduits dans près de 43 langues différentes.
Le jeu de société Monopoly, où un joueur amasse toutes les ressources de la plateforme pendant que les autres peinent à payer leur loyer et font éventuellement faillite, est le reflet du capitalisme. D’ailleurs, l’idée de sa création est partie d’une opposition à ce système de monopole des richesses, mais son histoire a été détournée par ce système même qu’il voulait dénoncer. Tour d’horizon.
Une histoire qui en cache une autre
Les Français ont repris goût aux jeux de société depuis la période de confinement. Sans surprise, l’incontournable Monopoly demeure parmi les plus sollicités. Pour autant, combien en connaissent véritablement l’histoire ? Il fut un temps où un imprimé de l’histoire officielle de la naissance du célèbre jeu était inclus dans la boîte, avec le plateau et ses règles. Celui-ci attribuait alors sa création à Charles Darrow, un résident d’Atlantic City, qui en aurait eu la brillante idée lors de la crise économique américaine de 1929. Le Monopoly aurait alors eu pour principal objectif de divertir l’entourage de l’imminent millionnaire, qui n’était alors qu’un homme ordinaire en recherche d’emploi. Un prototype rudimentaire a été créé, les demandes ont augmenté et le jeu est vite devenu un succès. En 1935, les droits du Monopoly sont rachetés par l’éminent fabricant Parker Brothers, une transaction de laquelle Charles Darrow sort richissime.
Un récit qui discrédite la véritable origine du Monopoly
Si cette histoire est considérée comme étant l’origine officielle du Monopoly, les faits révèlent que des détails fondamentaux ont été occultés. En effet, quoi de plus important dans un récit de création que le nom même de sa véritable auteure ? Elizabeth Maggie, née en 1866, est le cerveau derrière tout le concept. Féministe et opposée aux principes réducteurs du capitalisme, cette partisane des idéaux économiques d’Henry George (1839–1897) et de son projet de réforme fiscale a créé, en 1902, le Landlord’s Game. Le jeu, incluant plateau, billets, cartes et propriétés, ressemble trait pour trait au Monopoly qui, plus tard, n’a fait que s’en inspirer. D’ailleurs, au moment du rachat des brevets par Parker Brothers, Elizabeth Maggie n’aurait encaissé que 500 $, symbolisant au passage les inégalités de fortunes entre homme et femmes.
Une satire de l’idéologie capitaliste
Le jeu source du Monopoly, le Landlord’s Game, de par ses principes et ses règles, était une critique du fonctionnement de la société capitaliste. Elizabeth Maggie souhaitait rappeler, à travers son jeu, la cruauté d’un système basé sur la propriété, à travers lequel les privilégiés s’enrichissent sur le dos des plus démunis. Si cet aspect du jeu a été parfaitement conservé par la reprise du concept sous le titre de Monopoly, l’idéologie en soi a été supplantée par le plaisir de détruire ses adversaires au fil de cette ruée vers l’or, découvrez l’histoire du puzzle, de John Spilsbury aux puzzles actuels.