Plus de 20 ans se sont écoulés depuis le premier diagnostic du cancer des ganglions lymphatiques chez une femme portant des implants mammaires texturés. Deux études publiées en septembre dernier confirment que les prothèses utilisées sont à l’origine de cette maladie rare.
Récemment, des études scientifiques ont confirmé sans ambiguïté la responsabilité des implants mammaires texturés dans la survenue du cancer rare qui ne touche que leurs porteuses. Zoom sur ce scandale qui concerne près de 56 Françaises.
Les implants texturés interdits
Si, en 2017, le cœur artificiel Carmat avait été remis en cause en raison du décès du 5e patient qui l’a reçu, les implants mammaires texturés sont désormais interdits à la vente. En effet, deux études récentes ont prouvé sans aucun doute possible que ces prothèses à la surface granuleuse sont bel et bien responsables du cancer des ganglions lymphatiques (LAGC) diagnostiqué uniquement chez certaines porteuses. À la publication des résultats de ces études, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a demandé à Allergan de rappeler tous les implants texturés non encore utilisés dans les cliniques et les hôpitaux. En outre, le Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE) a refusé le marquage obligatoire CE pour les prothèses Biocell et Microcell.
Les chirurgiens plasticiens alertés
Le 21 novembre 2018, l’ANSM a également publié un message incitant les chirurgiens plasticiens à la prudence. La société des chirurgiens plasticiens lui a emboîté le pas en appelant ses membres à ne plus utiliser les implants texturés Biocell développés par Allergan en raison de son implication dans de nombreux cas de cancer répertoriés. En effet, les chirurgiens français avaient tendance à les utiliser car ils représentaient 85% des produits disponibles sur le marché. Contactée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), la société Allergan s’est abstenue de toute déclaration. En revanche, elle a publié un communiqué pour affirmer que la sécurité des patientes est sa priorité.
Un manque d’information
Si les États-Unis disposent d’une base de données faisant état de 82 000 décès et de 1,7 million de malades dus aux implants mammaires, l’Europe se retrouve dans le flou total. Ainsi, près de 400 000 Françaises sont concernées par le scandale des PIP en 2010, mais il est impossible de savoir lesquelles portent les prothèses à risque. Seule la mise en place d’un système de contrôle efficace permettrait de retrouver les personnes portant les prothèses incriminées. D’après Corinne Haioun, professeure d’hématologie à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil et responsable du registre des cas de LAGC en France, 56 femmes sont aujourd’hui concernées. Dans le monde, elles seraient 656 patientes. En attendant les mesures que l’ANSM devrait prendre en février 2019, le test positif du vaccin qui élimine les lymphomes chez les souris constitue un espoir pour les victimes.