La vente de médicaments en libre-service dans les grandes surfaces pourrait bientôt être possible. L’idée de la libéralisation de ce marché a été proposée par l’Autorité de la Concurrence qui annonce vouloir procéder ainsi afin de réduire les dépenses des Français pour leur santé.
Le 4 avril dernier, l’Autorité de la Concurrence a rendu un avis favorable en ce qui concerne la distribution de médicaments ailleurs que dans les pharmacies, notamment dans les petites et moyennes surfaces. Toutefois, cette décision n’est pas sans risque et suscite un débat au niveau du ministère de la Santé et de l’Ordre national des pharmaciens.
Faciliter l’accès aux médicaments et réduire leur prix
La libéralisation de la vente des médicaments est préconisée pour réduire les frais. En effet, selon une étude récente, la dépense des Français en automédication, secteur qui croît de 5%, s’élèverait à environ 2 milliards d’euros par an. Ces médicaments, bien que délivrés sans ordonnance et à des prix libres, ne sont accessibles qu’en pharmacie. Par ailleurs, le prix d’un médicament diffère d’une pharmacie à l’autre avec des écarts injustifiés. Le nouveau mode de distribution proposé permettrait de réaliser “250 millions d’euros d’économies pour les consommateurs”, ajoute l’UFC Que Choisir qui est du même avis. En optimisant la concurrence, la vente de médicaments en supermarché permettrait une baisse de prix d’environ 15%.
Une vente encadrée en dehors des pharmacies
Les médicaments et les kits d’autotest seraient placés dans un coin dédié et leur vente encadrée par un pharmacien diplômé pour conseiller les clients et surtout offrir le même niveau de sécurité qu’en pharmacie. Une caisse spéciale serait également mise en place. Si certains craignent une augmentation de la consommation de médicaments, l’application de ce mode de distribution en Italie et au Portugal a prouvé le contraire. En Italie, les médicaments sont accessibles en grande surface depuis 2006, mais leur consommation n’a augmenté que de 13% depuis. Pourtant, la France affiche une augmentation de 21% bien que les médicaments ne soient disponibles qu’en pharmacie. En outre, cette nouvelle mesure de commercialisation offrirait plus de points de vente et des horaires plus flexibles aux consommateurs souhaitant se procurer des médicaments en cas d’urgence.
Des avis divergents
Parmi les réticents, l’Ordre national des pharmaciens pense que cette vente de médicaments en supermarché serait néfaste à son système de contrôle. Cette mesure abaisserait la qualité de la chaîne de soin actuelle et favoriserait l’entrée de produits de contrefaçon sur le territoire. De son côté, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’oppose également à cette libéralisation en raison du risque de “perdre un acteur majeur des soins de proximité”. Par ailleurs, certaines pharmacies ne sont pas non plus ravies d’avoir les acteurs de la grande distribution comme concurrents. Dans cette optique, seules les enseignes ayant obtenu l’autorisation nécessaire pourraient vendre des médicaments pour ne pas nuire aux officines voisines. Dans tous les cas, une consultation médicale en ligne via LIVI est désormais faisable pour éviter l’automédication.