Faire un régime a toujours été une réorganisation complète de ses habitudes alimentaires. Depuis le petit déjeuner jusqu'au diner, tout est à revoir à la baisse : les quantités sont à réduire et la qualité des repas à améliorer. Et tenir un tel rythme sur le long terme peut s'avérer difficile, et pour beaucoup voué à l'échec. Cerise sur le gâteau, il semblerait que cet exercice soit aussi vain qu'il est contraignant, selon un nouveau modèle de régime, appelé 5:2, consistant à ne rien modifier, mais fournir quelques efforts ponctuels.
Ce régime, mis au point par la nutritionniste Michelle Harvie et l'oncologue Tony Howell nous vient de Grande-Bretagne. Après sons franc succès outre Manche, il arrive en France, et ne reçoit (déjà) pas les lauriers attendus.
Une méthode au pragmatisme anglo-saxon
"Pour maigrir, il faut jeûner". Cette relation, assez simpliste, fait preuve d'un pragmatisme à l'état pur. Et cela fonctionne. L'idée du régime 5:2, c'est de manger comme vous en avez l'habitude durant 5 jours, et de vous priver les 2 jours restant, en n'ingurgitant que 500 calories journalières. Ces deux jours peuvent varier d'une semaine à l'autre. Manger selon ses habitudes ne doit pas se comprendre "manger à volonté" ou succomber à ses tentations, mais conserver le même rythme alimentaire, comme si vous ne faisiez aucun régime.
Le site internet, guide du régime, propose de nombreuses idées de plats qui ne dépassent pas les 300 calories. Ils permettent ainsi d'aiguiller les adeptes de l'amincissement vers des repas pour les jours de jeûne. Cette idée leur est venue de façon empirique, alors qu'ils soignaient des patientes atteintes du cancer du sein. Ils avaient mis en place un régime afin qu'elles conservent une bonne santé, et un poids équilibré pour éviter l'apparition de tumeurs, en relation avec le surpoids.
Ainsi, ces patientes perdaient du poids, plus rapidement qu'avec un régime classique. Les deux médecins ont alors étudié leurs organismes, et ont découvert que leurs pertes de poids n'étaient dues qu'au régime qu'elles suivaient. Un régime simple, et apparemment efficace, permettant de conserver une vie sociale, de profiter vraiment de la nourriture tout en maigrissant, expliquent les concepteurs au journal Glamour. Aussi, après une étude sur 100 femmes volontaires, ils décident d'écrire un livre pour faire connaitre leur découverte. Pourtant, certaines limites sont évoquées par les nutritionnistes et diététiciens français.
Une idée trop belle pour être bonne
Le principe de ce régime est de passer d'un repas à 2000-2500 calories, pendant 5 jours à un repas à 500 calories (quasiment de la famine), pendant deux jours, brusquement et sans transition.
Le premier danger, c'est la réduction importante de calories. En effet, les régimes mis au point jusqu'à présent étaient fondés sur l'idée d'une réduction en pente douce des calories, mais régulière et sur le long terme. L'alimentation peut rester approximativement la même dans ses quantités, mais doit impérativement changer de qualité : fini les sucreries, pâtisseries, fast-food, fromage et autres délices. Ca sera fruit et légumes. L'alimentation change de nature dans son ensemble, afin de baisser le taux de calories d'environ 25 %. Déjà, quand les patients doivent se limiter à 1200 calories, ils peinent à tenir, explique Catherine Grangeard, spécialiste du poids au magazine Terrafemina.
Le second danger, c'est la rupture dans le rythme alimentaire : le sevrage. Le corps s'habitue à une certaine alimentation, à un taux de sucre, de calories, d'alcool, de nicotine, et de tout ce qu'il ingère. Aussi, si un fumeur arrête brusquement la cigarette, on parlera de sevrage, comme pour un alcoolique ou un addict de certaines drogues dures. Or ce sevrage brusque peut avoir de violentes conséquences sur la santé, pouvant entrainer la mort. Un jeûne est similaire, c'est un petit sevrage, qui bouscule violemment l'organisme et le métabolisme. Paradoxalement, le jeûne n'est pas recommandé aux personnes cardiaques, tandis que le régime oui.
Enfin, si l'heure des repas est importante, et qu'en sauter un de temps en temps peut avoir de sérieuses conséquences sur la santé, notamment sur les récepteurs d'insuline, un sevrage peut avoir le même effet. Eh oui, car le corps n'a pas le temps de s'habituer à ces changements de doses nutritionnelles qu'elles changent déjà. Cette violence dans le rythme alimentaire est fortement déconseillée. Le jeûne a toujours existé, notamment dans les religions, pour purifier le corps et l'âme. Mais quelle que soit sa durée, c'est un régime ponctuel et régulier, laissant au corps le temps de prendre de nouveaux repères.
Source : 5:2 Diet Book ; Interview Catherine Grangeard et Interview auteurs du régime