D'après une étude française tout juste publiée, les personnes âgées consomment en moyenne dix médicaments chaque jour, et ce souvent sans aucune raison médicale. Un phénomène dangereux compte tenu des risques d'accidents médicamenteux.
Les prescriptions de médicaments sont beaucoup trop nombreuses chez les seniors. C'est en tout cas ce que conclut une étude diffusée par le quotidien Libération et réalisée par des médecins de l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris. Selon cette dernière, les seniors âgées de 70 à 90 ans seraient ainsi 90 % à consommer des médicaments. Pourtant, d'après les spécialistes, rien ne permettrait de justifier une telle habitude sur le plan médical.
Pire : les médecins ont montré que les personnes âgées de plus de 80 ans prennent en moyenne dix cachets de médicaments par jour. Comme le met en évidence Libération, ces résultats s'appuient sur une analyse quantitative et qualitative des médicaments remboursés en 2011 par l'Assurance-maladie, par tranche d'âge. Résultat : la plupart des traitements sont discutables dans la mesure où ils ne sont prescrits que pour traiter des symptômes comme l'anxiété, le mal de dos ou encore l'insomnie.
Des risques d'accident non négligeables
Parmi les médicaments les plus consommés chez les personnes de plus de 80 ans, on trouve les antidouleurs – paracétamol et tramadol en tête –, les médicaments cardiovasculaires tels que les antihypertenseurs et statines (limite le cholestérol) ou encore les anxiolytiques. Toutefois, au-delà des médicaments, ce sont les risques induits par une telle consommation qui effraient le plus les médecins. En effet, la prise de trop nombreux remèdes multiplie le risque d'accidents, qu'il s'agisse de surmédication ou d'interactions médicamenteuses.
Comme le souligne le professeur Olivier Saint-Jean, co-auteur de l'étude, dans Libération, le risque d'accident médicamenteux se renchérit fortement à partir du moment où l'on ingère cinq médicaments. D'ailleurs, il est même difficile de savoir comment les seniors vont réagir au-delà de trois à quatre molécules. Problème : l'étude montre que plus de 85 % des octogénaires sont dans ce cas de figure. Un phénomène que les spécialistes expliquent comme une conséquence des modes et influences des uns et des autres.
À noter que l'étude menée par les médecins de l'hôpital Georges-Pompidou est publiée peu de temps après le rapport "sur la surveillance et la promotion du bon usage du médicament en France" rendu récemment par la ministre de la Santé. Dans ce dernier, la France est pointée comme l'un des pays où les prescriptions et l'usage irrationnels sont les plus importants. Tant et si bien que la création d'une structure pour étudier les données sur la consommation de médicaments, pour améliorer la formation des professionnels de santé et pour mieux informer le grand public, est envisagée.