Chercher du travail à partir de 50 ans peut être problématique pour certains CV, ou certains secteurs. La fonction publique, très prisée dans les années 80 semble être délaissée au profit du secteur privé. La dernière étude de l'INSEE (mars 2013) concernant l'état de l'Emploi en France fournit d'étonnants résultats. En effet, l'INSEE a étudié le taux d'insertion professionnelle des seniors et les évolutions de carrières dans la fonction publique, thèmes sensibles dans le paysage professionnel français.
Alors que l'espérance de vie s'accroit, les seniors travaillent moins longtemps, proportionnellement parlant, et surtout sont moins nombreux à travailler. En effet, "plus de 50 % des hommes de 60 à 64 ans étaient actifs en 1975. Cette proportion a été divisée par 2 en 10 ans" précise le rapport, avant de continuer ainsi : "En 2000, il n’y avait plus qu'1 homme sur 10 de 60-64 ans en activité". Concernant les 55 – 59 ans, il y a eu une grosse diminution entre 1980 et 1985, passant d'un taux d'emploi de 79 % à 64 %, taux qui s'est stabilisé à 60 % en 2000. Concernant les femmes, moins présentes dans la vie professionnelle des années 70, les différences sont moins marquées : le taux d'emploi féminin des 60-65 passe de 28 % en 1975 à 10 % en 2000, contrairement au taux d'emploi des 55-59 qui lui augmente de 3 points, passant de 43 % à 46 %.
Ainsi, l'INSEE note que, en moyenne depuis 1975, plus de femmes travaillent mais elles travaillent moins longtemps. Concernant les hommes, la population active des 60-65 ans a été décimée, et le taux d'emploi des 55-59 ans perd quasiment 20 points passant de 79 % à 60 %.
Cependant, cette dernière décennie a vu fleurir l'emploi des seniors, surtout entre 2003 et 2011, notamment à cause du report de l'âge légal de la retraite, passé en juillet 2011, et de la crise de 2008 bien sur. La hausse la plus importante est chez les femmes, dont le taux a augmenté de 19 points quand pour les hommes la hausse a été de 16 points.
Ainsi, le taux d'emploi des personnes âgées de 55 à 65 ans a globalement augmenté, passant de 53 % à 69 % entre 2000 et 2011. Cependant ce taux est encore bien faible par rapport à la moyenne européenne, établie à 73 %.
L'évolution des carrières des salariés de la fonction publique
Si l'étude met un aspect en lumière, c'est la multiplication de CDD avant l'accès à l'emploi final, comme cela s'encore vu récemment avec une chercheuse d'une trentaine d'années qui a cumulé 12 CDD en onze ans à l'INSERM. Ainsi, l'âge moyen d'entrée dans la fonction publique est aujourd'hui de 27 ans quand elle était à 21 ans en 1981.
De plus, avec les cycles longs d'étude, les jeunes diplômés entrent dans le privé plus facilement. Ces surdiplômés à l'entrée ont par ailleurs plus de chances d'être promus durant leur carrière.
Ainsi en 2010, seulement 22 % des salariés actifs de la fonction publique y étaient entrés avant 1981, contre 32 % entre 2000 et 2010 et l'âge moyen est de 43 ans. Ainsi, près de la moitié des effectifs (46 %) est entré dans la fonction publique entre 1981 et 2000. Pour plus de clarté, de plus en plus de jeunes diplômés entrent dans la fonction publique au moins 5 ans après avoir travaillé dans le privé.
Leur âge est déjà de 37 ans en moyenne, contre 27 en 1980. Ceux qui y entrent directement après les études ont tout de même 24 ans en moyenne, contre 21 ans en 1980. Aussi, de plus en plus de premières embauches se font avec un diplôme supérieur aux caractéristiques demandées, mais les plus diplômés ont plus de chances d'être titularisés que les autres.
Les diplômes s'accumulent
La comparaison entre les personnes ayant suivit de longs parcours et celles ayant intégré des études courtes montre que les titulaires de BEP-CAP ont 12 fois plus de chances d'avoir commencé leur carrière dans le privé. En effet, les longues études semblent être représentatives d'une hésitation prononcée plutôt que d'un souhait d'exceller dans un domaine particulier. Aussi on retrouve de plus en plus en surdiplômé dans la Fonction Publique. Alors qu'en 1981, les bacheliers représentaient 39 % de la fonction publique, ils ne sont plus que 16 % en 2000. Un déclassement se produit, avec de plus en plus de demandes de surdiplômés. Les bacheliers, jusqu'au bac +2 accèdent donc aux postes de catégories C, équivalents au Brevet des Collèges.
Malgré cela, le statut de "transmissibilité" est encore avéré aujourd'hui avec 70 % des actifs ayant eu leur deux parents dans le secteur public. Aussi, concernant les enfants, la majorité des femmes (54 %) s'est arrêtée pour s'en occuper contre 5 % pour les hommes. Les arrêts de carrières sont cependant présents aussi chez les hommes dont 73 % des concernés avaient "une autre raison". Les durées sont de 3 ans en moyenne pour les hommes, et 4 chez les femmes, qui représentent la majorité (61%) des nouvelles entrées dans la fonction publique.
Les impacts sur le salaire
L'INSEE note d'importantes disparités salariales, allant du simple au double. En effet, pour les 84 % d'agents titulaires, le salaire dépend d'une grille prenant en compte certains critères tels que les interruptions, les promotions, les formations ou encore les déplacements géographiques. Cependant, "en 2010, la moitié des agents de l’État ont perçu un salaire mensuel net en équivalent temps plein (EQTP) inférieur à 2 233 euros". Et tout de même 10 %, soit 1 agent sur 10, ont gagné moins de 1622 euros par mois. Inversement, 10 % des agents ont perçu 3 375 euros, soit 2 fois plus.
Sources : Dossier Evolution de la Fonction Publique ; Dossier Insertion professionnelle des Seniors