En pleine rue, dans le bus, chez vous ou au bureau, vous avez parfois le sentiment que votre portable vibre dans votre poche. Mais il semblerait, dans la plupart des cas, que votre cerveau soit traître, puisque vous réalisez en le saisissant, que ni appels ni messages ne vous attendent sur l’écran. Les vibrations fantômes sont-elles liées à une addiction au smartphone ? Pas si sûr : d’après une étude récente, nous ne serions pas malades mais juste bien organisés dans notre esprit.
Cette sensation n’est pas nouvelle. Quotidien oblige, les téléphones portables et autres smartphones sont des éléments omniprésents voire indispensables dans nos vies. Tant et si bien que mettre son portable sur vibreur est devenu chose courante. Résultat : on finit par croire que ce dernier vibre alors que ce n’est pas le cas.
Vibration fantôme : la maladie des accros aux portables ?
Quoi qu’il en soit, la sensation de vibration fantôme émanant d’un portable avait déjà été le sujet d’anciennes études. En 2012, la revue scientifique Computers in Human Behavior estimait notamment que 89 % des volontaires de l’enquête étaient soumis à ces vibrations.
Le stress de la vie quotidienne peut facilement être lié à cette fausse sensation. Les chercheurs pensaient alors à l’époque que ces hallucinations étaient synonymes d’une maladie. Par ailleurs, ils avaient remarqué que les utilisateurs réguliers du combiné étaient ceux étant le plus facilement sujets à ces vibrations fantômes. Mais faut-il pour autant relier cette sensation à une addiction au téléphone ?
Contrairement à ce que sous tendaient les premières recherches, il n'y aurait pas de quoi s’inquiéter d’une pathologie dans le cadre d'un usage constant de son portable. Ainsi, l’explication serait purement psychologique, d’après une récente étude publiée sur le site de la BBC et relatée par Slate. D’après un professeur de psychologie à l’Université de Sheffield, ces sensations expliquent l’un des principes fondamental de la psychologie.
Une bonne perception de notre cerveau
Loin d’être une pathologie, cette sensation démontre au contraire que nos fonctions mentales sont saines. La réaction serait similaire à un système de perception, comme celui d’une porte automatique qui s’ouvre à l’approche d’un mouvement, ou d’une alarme incendie qui se déclenche lorsque de la fumée se propage.
Le psychologue, Tom Stafford, explique que notre cerveau relie la vibration au fait que le téléphone sonne. À l’inverse, s’il ne vibre pas, il ne sonne pas. Or, d’après Stafford, deux autres combinaisons sont possibles et expliquent cette fausse perception. D’une part, de véritables vibrations peuvent s'accorder avec la sensation que le portable ne sonne pas. D’autre part, et c’est le cas des vibrations fantômes, le portable ne vibre pas mais vous avez la sensation que c’est le cas.
C’est un peu le même sentiment qui se produit lorsque l’on a l'impression que quelqu’un crie notre prénom au milieu d’une foule bruyante. Il est plus difficile de l’entendre que dans une salle silencieuse. Résultat : à cause du bruit, notre réactivité au milieu du vacarme sera plus importante.
Un univers qui nous rend plus réactif
Pour le psychologue, cela démontre que notre système de perception s’adapte à notre univers. Ce dernier serait "presque parfait dans un monde incertain et bruyant". L’étude prouve que les gens détestent de plus en plus rater un appel, ils sont donc plus alertes et leur perception est plus fine quant il s’agit de son smartphone. Comme pour les fausses alertes de détecteur d’incendie : c’est par prudence que nous ressentons ces vibrations fantômes.
Bien que ces fausses vibrations soient la preuve d’une bonne santé de notre cerveau, le docteur préconise ainsi quelques petits conseils pour éviter ces erreurs de jugement. L’habitude de la sensation de vibration peut être annulée soit en augmentant la puissance de vibration de nos téléphones mobiles, soit en se convaincant tout simplement que le téléphone sonne réellement, même si ce n'est pas le cas. Nous aurons alors beaucoup plus de vibrations fantômes mais, au moins, serons certains de ne rater aucun appel.
Sources : Slate et BBC