"Partir en vacances" ressemble davantage à un fantasme qu'à une possibilité. Et pour cause : la hausse des prix de l'électricité, annoncée depuis plusieurs mois, risque de coûter le soleil pour bien des Français. En effet, la CRE (Commission de Régulation de L'Energie) a estimé, d'après un rapport publié en ligne mercredi 5 juin, que les coûts de l'électricité devaient augmenter d'environ 10 % dans les 3 mois à venir…
Cette préconisation était prévisible : la hausse des tarifs de l'électricité est en retard sur leur prix réel, et ce depuis plusieurs années. Tant et si bien que la CRE note une différence entre les coûts et les tarifs de… 1,47 milliard d'euros en 2012 !
L'électricité, quasiment offerte depuis des années ?
D'après le rapport, les charges et les coûts de production ont augmenté de 3 % et 6 % chaque année depuis 2007. Les coûts variables, eux, ont augmenté de 5 % par an, tout comme les coûts fixes. Dans l'ensemble, les coûts sont sans cesse plus importants, et les tarifs ne suivent pas la même courbe. La CRE propose donc une augmentation radicale des tarifs bleus : de 6,8 % à 9,6 %. Dans un premier temps.
En effet, même si ce changement de prix peut sembler important, il n'est pas suffisant pour rattraper la note déjà salée. Il faudra donc ajouter une seconde augmentation, d'environ 7 %, un peu plus tard. En début d'année, la CRE avait annoncé une hausse probable de la facture d'ici 2017 : 30 % d'ici 5 ans, soit une moyenne de 6 % par an.
Si cette augmentation des tarifs avait lieu, le foyer-type français (70 % des ménages) paierait 100 € de plus d'ici 2 ans sur sa facture d'électricité, sans que le prix de l'abonnement soit changé mais juste en facturant plus cher le prix du kilowatt. Ainsi, par rapport à 2012, le Français paierait entre 26 € et 37 € supplémentaires en 2013, entre 72 € et 84 € en 2014 et entre 86 € et 100 € en 2015. A croire que l'électricité nous a été offerte durant toutes ces années.
Un nouveau souffle pour les industries de bougies ?
Le gouvernement fait donc blocage pour le moment : la ministre de l’Ecologie, Delphine Batho, explique dans un communiqué que le Gouvernement n’envisage pas de procéder immédiatement au rattrapage du retard, "accumulé depuis plusieurs années, compte tenu de la situation du pouvoir d’achat". En effet, ce même gouvernement avait décidé l'année dernière de limiter la hausse de la facture d'électricité à 2 % annuels, taux plus proche de l'inflation.
De cette manière, la somme à payer à la fin du mois augmente certes, mais de la même façon que les prix en général et, théoriquement, que le salaire, préservant ainsi ce qu'il reste du pouvoir d'achat. Et contre toute attente, le Français se sent heureux. Mais avec un bond de 10 % cet été, l'électricité risque de devenir un nouvel investissement, un véritable luxe et le fantasme de demain. Alors, imaginez, partir en vacances… Le Gouvernement étudie donc le rapport, les solutions qu'il peut apporter, une issue quelconque, et nous tiendra "au courant" d'ici juillet 2013. En attendant, prévoyez des chandelles.
Source : CRE ; Le Nouvel Obs