Et si le profil d'étude avait un lien avec le prénom ?

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Brandon, Kevin, Bryan ou encore Adolf, Mégane, Juliette et définitivement Roméo, sont des prénoms si connotés que beaucoup de parents hésitent à les utiliser, et beaucoup d'enfants peuvent souffrir de les porter. Évidemment, cela n'empêche en rien les parents d'appeler comme ils le souhaitent leurs enfants, jusqu'à dépasser certaines limites tacites, et voyant les propositions abusives interdites. Une étude récente met en parallèle le prénom avec l'orientation au lycée.

De nombreux prénoms à travers le monde sont interdits car trop abusifs. En France, peu d'abus sont enregistrés. Cependant, le prénom semblerait jouer un rôle non seulement dans le tempérament mais aussi dans l'avenir professionnel et universitaire de chacun…

Le rapport prénom-filière

La France reste assez libre dans le choix des prénoms, mais interdit aussi certaines propositions, qui peuvent être jugées défavorables pour l'enfant : en 2011, le prénom "Titeuf" a été interdit, ainsi que le prénom Daemon, en rapport à la série Vampire Diaries. Ce n'est rien, se disent certains. Pourtant, le sociologue Baptiste Coulmont indique dans un billet publié le 30 mars 2013 que le prénom aurait un rapport avec la filière suivie, et conditionne ainsi la vie entière de celui qui le porte. Baptiste Coulmont, sociologue français et professeur à l'Université Paris 8, a récupéré les résultats nominatifs des candidats au baccalauréat de 2012, général comme technologique, soit le dernier en date.

Afin de désépaissir l'échantillon de plus de 340 000 prénoms, il n'a étudié que ceux qui apparaissent plus de 60 fois dans la base, puis les a répartis au sein de leurs séries (Littéraire, Économique, Scientifique, Technologique…). Sur les 340 000 noms, s'il y a 100 "Titeuf", alors le prénom sera pris en compte. S'il n'y en a que 58, il ne comptera pas. L'étude ne porte donc pas sur la concentration des prénoms au sein d'une série (imaginons que les 58 "Titeuf" soient toutes en série L, la concentration aurait été intéressante à analyser), mais sur la représentation des prénoms au bac, soit les prénoms les plus portés en France.

classe primaire aux Etats-Unis

L'origine du prénom déterminerait le bac et la mention ?

Coulmont présente un tableau regroupant les séries générales (S, ES, L) et technologiques (STI, STG, ST2S), au sein du quel les prénoms les plus représentés sont classés. Ainsi, les prénoms d'origine anglo-saxonne (Brandon, Adrian, Lilian, Teddy…) se retrouvent majoritairement dans la catégorie Bac STI ; les prénoms d'origine magrébine (Nassim, Ahmed, Hamza, Walid…) se regroupent plutôt dans la catégorie Bac STG ; les séries ST2S sont très représentées par des prénoms féminins, tels qu'Alison et ses dérivés (Allison, Alisson…), Mélodie, Vanessa, Sandy, Jessica ou Lolita. Cette filière est majoritairement féminine, tout comme la filière littéraire.

Cependant, dans la série L, on retrouvera plutôt des prénoms classiques, anciens voire mythologiques ou historiques tels que Aliénor, Anouk, Lison, Marguerite ou Nina. Aliénor est un prénom peu répandu et ne concerne que 2 candidates sur 10 000. Pourtant les "Aliénor" sont 6 fois plus présentes en série Littéraire que dans les autres séries. Les garçons, eux, sont surreprésentés en séries S et STG. Cependant, en S, il y a plus d'Augustin, Henri, Marin, Gaspard, Michel ou Victor. .

Le rapport entre prénom et mention au bac est du même ordre : sur les 300 Christopher, 4 ont eu une mention Très Bien, et seulement 5 Mohamed sur les 400 inscrits. En revanche, les Come, Ariane ou Irène ont obtenu cette mention pour 25 % d'entre eux soit 1 sur 4. Concernant les Gaspard, Marie-Anne ou Anne-Claire, plus d'une mention Très Bien sur 5 candidats, et pareillement pour 15 % des Eléonore, Daphnée, Domitille ou Fleur. En revanche, aucun des Nabil et Youssef ne l'a obtenue.

Promotion d'étudiants recevant leur diplome

Des résultats demandant du recul

Coulmont propose cependant de garder une certaine forme de recul : ces résultats portent sur 480 000 candidats sur les 700 000 ayant passé l'examen en juin dernier. En effet, les 220 000 "bac pro" n'ont pas encore été étudiés, les personnes n'ayant pas eu le bac non plus, puisqu'il s'agit d'évaluer les mentions et les rattrapages, et enfin les résultats ne portent que sur les dossiers dont le propriétaire a accepté la diffusion. Pour finir, l'étude porte sur les prénoms surreprésentés et non la concentration des prénoms : seuls les prénoms apparaissant plus de 60 fois dans le total des candidats sont pris en compte.

S'il serait dommage de penser qu'un prénom prédispose un enfant à une filière, il est en revanche certain qu'un prénom illustre la culture, les goûts et les aspirations des parents. Aussi, une famille ayant des noms anglo-saxons est un indice de la culture anglo-saxonne de la famille, de la même manière qu'une fratrie n'ayant que des prénoms tirés de la mythologie grecque informe de la culture des parents : soit littéraire, ou historique, ou grecque…

Ces prénoms originaux

En Suède, rappelle le site RTL belge une Liste d'Interdits a évité à certains enfants de s'appeler Superman ou Brfxxccxxmnpcccclllmmnprxvclmnckssqlbb11116, prénom aussi populaire qu'il est prononçable. Par contre, Lego et Google ont été acceptés. Nos voisins belges ont été plus loin avec une petite fille qui répond désormais au doux prénom de Cyanure et un petit garçon prénommé GSM (téléphone internet). Espérons qu'il ne soit ni sourd ni muet. Les Chinois ont voulu appelé un enfant "@", avec prononciation libre ("at" ou "arobase").

La palme des prénoms les plus incroyables est attribuée aux Néo-Zélandais. Comme l'explique le site Telegraph, une petite fille de 9 ans avait été appelée par ses parents "Talula Does the Hula From Hawaii" (Talula danse le Hula de Hawai) et pas tout simplement "Talula". Des associations de prénoms tels que Benson et Hedges sont interdites : deux jumeaux ont été appelés ainsi, en rapport avec la célèbre marque de cigarettes. D'autres parents se sont vus déboutés après avoir souhaité appeler leur nouveau né V8, Anal, Lucifer, Sex Fruit, Fat Boy, Yeah et même ABCDEFGHIJKLM, certainement dans une famille de grammairiens.

Sources : Coulmont.com ; RTL.be