Mille et une petites manies peuvent rythmer une journée : aller acheter votre baguette en revenant du travail, fumer une unique cigarette juste après le déjeuner ou encore n'enfiler ses chaussettes qu'après le pantalon… On parlera cependant d'habitudes. Pour d'autres, il s'agira de refermer et rouvrir la porte 5 fois avant de passer ou se laver les mains jusqu'à en perdre la peau. Là, on parlera de TOC, des Troubles Obsessionnels Convulsifs. Longtemps considérés comme un premier pas vers la folie, ils auraient trouvés un véritable remède.
Se laver les mains plus de fois que nécessaire, vérifier la serrure toutes les demi-heures, activer et désactiver l'interrupteur des dizaines de fois avant de laisser la lumière allumée ou éteinte, ne traverser les passages cloutés que sur les bandes-blanches, ne monter les escaliers qu'en commençant par le pied gauche, tourner dans un sens puis dans un autre pour ne pas s'emmêler… Tels sont des exemples de TOC : des petits rites sans signification ni raison particulière qui pourtant deviennent essentiels, voire vitaux, pour le bon déroulement d'une journée chez les personnes touchées.
Tout le monde peut être touché
Un million de Français seraient touchés par ces rituels d'anxiété, et 2 à 3 % de la population. En France, lorsque vous êtes atteint d'un TOC, deux méthodes existent pour tenter de les réduire : des antidépresseurs ou des séances de psychothérapie. Pour les plus atteints, ça sera la combinaison des deux méthodes. Malgré toute la bonne volonté des médecins, ces techniques n'ont aucun résultat pour un patient sur trois, qui garde de sérieuses séquelles.
Un TOC est la conséquence d'une mauvaise liaison des neurones dans deux zones du cerveau. C'est quelque chose de très physique et concret, causé par une mauvaise stimulation de certains neurones. En stimulant d'autres parties du cerveau, comme la zone responsable de la prise de décisions ou de l'émergence des habitudes, les troubles sont censés s'atténuer.
La lumière comme nouveau traitement
Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs se sont tournés vers un système découvert dans les années 2000 : l'optogénétique, ou la stimulation des neurones grâce à un faisceau lumineux. Les scientifiques ont d'abord réalisé des essais sur des souris ayant des caractéristiques particulières, dont un TOC (elles se toilettaient jusqu'à en avoir des blessures sur la peau). En les observant, les chercheurs ont découvert que le problème venait d'un déficit d'inhibition qui obligeait les souris à se laver, encore et encore.
En activant le faisceau lumineux, les souris étaient censées changer de comportement, les zones de "prise de décision" réagissant davantage sur leur cerveau. L'hypothèse s'est avérée : les TOC ont diminué quand la lumière était allumée. "Nos découvertes montrent que la stimulation sélective du circuit [stimuler certaines zones du cerveau] peut rétablir un comportement normal chez des souris présentant à l’origine des comportements répétitifs pathologiques [chez des souris atteintes de TOC]" explique Eric Burguière sur le site de l'INSERM.
Bien que l'avancée soit spectaculaire, un problème se pose : lorsque le faisceau s'éteignait, les troubles reprenaient…
Source : INSERM