Pas toujours facile de décrocher un stage, et encore moins un stage qui plait. Entre le CV, la lettre de motivation, les pistons des uns et des autres, la méconnaissance totale du milieu professionnel, et, pire que tout, l'entretien, la tâche censée aider l'étudiant s'apparente de plus en plus à un calvaire qu'il souhaite éviter. Aussi, l'Assemblée Nationale, après un débat houleux et passionné, a mené à de nombreuses modifications pour écarter définitivement les "effets d'aubaine" et les "abus", et améliorer le plus possible l'organisation générale des stages.
Les grandes modifications, acceptées en commission à l'Assemblée le 22 mai 2013, portent essentiellement sur la nature du stage : le choix des structures d'accueil est élargi, ainsi que l'organisation du travail et les objectifs visés. De plus, les démarches, qui constituent une grosse part de l'intérêt du stage, sont elles aussi réformées afin de réduire au maximum les inégalités, d'après un communiqué AFP.
Le stagiaire n'est pas un salarié à bas coût
Les associations ainsi que les administrations publiques pourront désormais figurer dans les choix des étudiants. En effet, l'objectif du stage étant une première insertion dans le "milieu professionnel", la restriction à l'entreprise ne semble plus pertinente. Pourtant, les entreprises, bien plus que les associations ou les administrations publiques, ont les fonds suffisants pour rémunérer un stagiaire sans que cela impute sur la qualité du service.
De plus, la loi précise que le stage est une période temporaire, durant laquelle il acquiert de nouvelles compétences. L'étudiant est censé "mettre en œuvre les acquis de sa formation" dans le but d'obtenir son diplôme. En d'autres termes, fini les stages-photocopieuse ou les stages qui ne concordent pas avec le cursus universitaire mais arrangent bien le patron et ses économies, les stages devront désormais répondre à un projet préalablement établi.
Enfin, si le stage est un moyen de développer les acquis de l'étudiant, il faut que ce dernier puisse varier ses activités, d'une manière ou d'une autre. Aussi, l'enjeu du stagiaire n'est pas une "tache régulière" qui correspond à "un poste de travail permanent", mais au contraire une variation d'activités professionnelles sollicitant ses acquis et développant ses compétences. En d'autres termes, le stagiaire n'est pas un salarié à moindre cout, mais un jeune en formation, qui doit donc découvrir toutes les ficelles du métier. Et pour cela, un volume horaire sera désormais consacré à la formation de l'étudiant à son poste.
Réduire au maximum les inégalités
Certains étudiants peuvent bénéficier de stages plus facilement que d'autres, de par leur famille, leurs amis, leur réseau, observent les députés. Grand bien s'en fasse, mais d'autres ne peuvent se permettre ce type de démarches. Aussi, pour enrayer cette inégalité, il faudrait placer entre l'étudiant et l'entreprise un auxiliaire. Cet auxiliaire s'appelle Bureau d'insertion professionnelle. A travers ce bureau, l'organisme universitaire devra se préoccuper davantage de l'avancée des démarches du futur stagiaire, et participera à la recherche de stage, notamment en aidant à faire un CV, une lettre de motivation ou encore préparer un entretien, mais aussi en mettant en place une sorte de base de données d'organisme d'accueil.
Cependant, il ne faut pas que l'Université prenne trop de place dans la première phase de recherche, à savoir la constitution de dossier de candidature, ni dans le démarchage d'entreprises. Ces deux étapes constituent l'un des intérêts principaux du stage, car dans la vie professionnelle, un CV mal écrit peut aussi coûter une embauche. Ce bureau d'insertion n'est qu'un intermédiaire visant à réduire les inégalités en proposant des clefs pour réussir. Ce sera aussi à ce bureau que le stagiaire informera de la qualité de l'accueil qu'il a reçu, et du traitement dont il a bénéficié. Ainsi, cela évitera les autocensures dans le rapport de stage, très courantes, de peur de voir la note baisser ou des opportunités professionnelles s'évanouir.
Enfin un amendement informe qu'il y aura "une gratification obligatoire" dans tous les cas, et donc dans le cas d'un stage en administration ou en fonction publique. En effet, si un stage en entreprise, pour un étudiant aux 35h ou plus, est obligatoirement rémunéré si sa durée est supérieure ou égale à 2 mois, c'est différent dans la fonction publique. Aujourd'hui, un étudiant en médecine, par exemple, aura un emploi du temps bien plus imposant, ne comptant pas les heures et travaillant la nuit, pour un salaire inexistant. Le but est donc, quel que soit le lieu du stage, que les droits, les devoirs et les dus soient strictement égaux.
Sources : AFP avec Le Nouvel Observateur