Combien de Roméo et de Juliette sont en quête d'une âme sœur à la fois sexy et ingénieuse, belle et éclairée, séduisante et judicieuse ? À trop rester focalisé sur la représentation du monde esquissée à travers les séries, le cinéma voire même la littérature, chacun d'entre nous rattache inconsciemment les qualités indépendantes de l'apparence à l'aspect physique. Tant et si bien que nos réflexes nous amènent à favoriser les beaux, laissant ainsi de côté ceux qui le sont moins, souvent considérés hâtivement comme antipathiques…
La chose est entendue : les hommes et les femmes ont un faible pour les beaux et les belles. Il faut dire que l'atout ne manque pas d'argument, comme le montre une étude de chercheurs de Harvard soulignant qu'un physique à la Ryan Gosling ou à la Catherine Zeta-Jones sur l'ensemble d'une vie permet de gagner 10 à 15 % d'argent en plus que ses amis. Pourtant, la chose n'est pas aussi simple qu'elle en a l'air.
Sur le blog Priceonomics, le journaliste Alex Mayyasi décrypte les automatismes nous invitant à préférer les beaux. Résultat : il va s'en dire que nous jugeons plus ou moins inconsciemment les belles personnes comme plus chaleureuses, intelligentes et consciencieuses. À l'inverse des gens moins attirants physiquement, régulièrement perçus comme malhonnêtes et peu sympathiques.
Un effet boule de neige
D'après le psychologue Edward Thorndike, qui s'est intéressé vers le début du XXème siècle à ce qu'il nomme "the halo effect", lorsqu'une personne se révèle brillante dans un domaine particulier et est estimée en tant que telle par les autres, cette compétence a tendance à être généralisée à tous les autres domaines par les personnes extérieures.
Robert Cialdini, un psychologue contemporain va quant à lui un peu plus loin : pour lui, il ne fait aucun doute que les êtres humains attribuent machinalement aux gens beaux des qualités positives, à l'instar du talent, de la gentillesse, de l'honnêteté et bien entendu de l'intelligence.
Une discrimination basée sur l'apparence
Dans les pays anglo-saxons, la discrimination fondée sur l'apparence physique, vivement critiquée, a fait l'objet d'une expression particulière baptisée "lookism". Pour autant, ce problème bien présent pourrait-il déboucher sur le vote d'une loi le condamnant ? Rien n'est moins sûr, pour la simple et bonne raison que la beauté étant un concept subjectif, il est impossible d'en donner une définition globale.
La mise en place d'un tel dispositif reviendrait par ailleurs à identifier une population dite "laide". Or, n'importe qui peut s'autoproclamer "moche" sans pour autant être en mesure d'en apporter la preuve, contrairement aux victimes de discriminations comme les minorités ethniques et les femmes. Reste quoiqu'il en soit que le "lookism" se révèle très dommageable en pratique, et ce dans de nombreux domaines.
Récemment, des chercheurs sont ainsi parvenus à démontrer dans le domaine de la justice que les coupables beaux recevaient des peines considérablement moins lourdes que les autres. Même mécanisme s'agissant des victimes, qui, lorsqu'elles sont belles, obtiennent un dédommagement nettement supérieur à ce que reçoit que la grande majorité des gens…
Sources : Priceonomics, Slate, HuffPost, Harvard