Google semble devenir de plus en plus intrusif dans notre vie. Avant même l’envoi d’un mail, la firme américaine serait capable de savoir s’il est légal ou non. Vos mails pourraient donc être surveillés par votre patron ? Pour l’heure, le projet n’est pas encore sur le marché, mais ce brevet fait débat sur la question de la confidentialité et de la surveillance.
Le 2 mai dernier la firme américaine a obtenu un brevet sur un système de vérification de messageries. Grâce à une analyse des mots écrits pendant la rédaction d’un mail, Google affirme pouvoir reconnaître si les propos sont légaux ou non. Si jamais la teneur de vos mails n’est pas en accord avec la loi ou le règlement interne de votre entreprise, Google pourrait alors le transférer aux autorités compétentes ou à vos supérieurs.
Un système de vérification avant l’envoi de mails
Le concept parait incroyable mais ce système de vérification de violation de règles ou "Policy Violation Checker" est capable de percevoir les mails dont les propos semblent problématiques voire compromettants pour une entreprise ou pour les autorités.
Le mécanisme ressemble à ce qu’il se produit lorsque l’on oublie une pièce jointe : Gmail (comme d'autres messageries) détecte que vous l’avez mentionné sans la joindre et vous en fait part. Pour ce système de vérification, lorsqu’il détectera vos propos compromettants, il vous avertira qu’ils ne sont pas en accord avec un règlement ou une loi.
Le seul souci réside qu’avant même l’envoi de votre message et une fois pris en faute par le système, votre patron ou les autorités compétentes en seront informés.
Google impressionne car en plus de nous lire, d’analyser nos propos, il écrit et propose certaines reformulations moins controversées. La détection des propos est réalisée grâce à un paramétrage adapté selon son utilisateur. En effet, les entreprises utilisent parfois Gmail comme mail professionnel, elles pourront alors inscrire des phrases clefs compromettantes à détecter dans les paramètres.
Prévention des violations de règles
Le système paraît surtout contraignant pour un employé, il est tout de suite pointé du doigt vers son employeur sans avoir cliquer sur la touche "Envoyer" de sa boite mail. Pour Google cette méthode se veut préventive. A l’inverse de la machine à café où les discussions ne risquent pas de se répercuter à d’autres oreilles, le mail laisse des traces. L’intérêt est donc d’éviter de laisser échapper des données professionnelles, Google donne surtout l’exemple concernant les fuites de produits dans les compagnies.
Le brevet précise qu’il est dans "l’intérêt de l’entreprise, de prévenir les violations de leurs règles ou de leur lois avant qu’elles aient lieu". Il faudrait donc considérer ce dispositif comme une sorte d’avocat permettant d’éviter que nos écrits se retournent contre nous.
Doit-on s’inquiéter ?
On a le droit de se poser des questions sur la liberté individuelle, d’autant plus que le Policy Violation Checker peut s’accorder avec d’autres supports multimédia (smartphone, télévision, billet de blog) ou à d’autres formats (powerpoint, tableur, document word).
Un vrai problème s’opère si ce genre de prévention est utilisé par un supérieur trop autoritaire ou encore sous un pays moins démocratique que le nôtre, tous les écrits seraient alors surveillés avant chaque envoi, pouvant faciliter une censure.
De plus, si le but de Google est de protéger les entreprises, ce dispositif pourrait s’instaurer pour d’autres correspondances plus privées, comme les relations extraconjugales d’un homme important ou d’un réseau de malfaiteurs. Même si cela part d’une intention légale devra-t-il alors agir ? Il faudrait alors définir les types de correspondances autorisées ce qui relève de questions morales et éthiques.
Quoi qu’il en soit, pas de raison de s’affoler dans son bureau, puisque ce brevet vient juste d’être déposé et que son exploitation n’est pas encore à l’ordre du jour.
Sources : HuffingtonPost ; 01.net ; Numerama