D'après une étude menée par le psychologue américain John Bargh, les mots que nous employons suffiraient à eux seuls à déterminer nos humeurs, nos processus de pensée, nos opinions, et par extension nos comportements et nos émotions.
Le psychologue émérite John Bargh a récemment réalisé une expérience consistant à exposer des individus à un ensemble de mots renvoyant à la vieillesse. Résultat : au sortir de la salle d'expérimentation, les personnes ayant participé au test étaient totalement ralentis, et ce jusque dans leur démarche. Pour expliquer un tel phénomène, Bargh souligne les individus dans la plainte utilisent en général un vocabulaire en lien avec leurs doutes, leur insécurité ou leurs peurs.
Un système qui fonctionne également dans le cas inverse : les personnes à l'aise en termes de capacités abordent ainsi plus souvent leurs réussites que leurs échecs et partagent allègrement leurs savoirs, s'échinant par exemple à vous aider à trouver les différentes façons de concrétiser vos projets. Une tendance souvent irrépressible qui a le don d'agacer.
Surveiller son langage, c'est surveiller son estime de soi
Or, le phénomène est identique dans notre rapport à nous même : notre langage intérieur est en effet motivé et même dépendant de l'estime que nous nous portons. Autrement dit, notre moral change du tout au tout selon que l'on se fustige ou que l'on s'encourage. Pour cette raison, constate Bargh, il est important de bien s'observer. Une façon de déjouer les idées noires influant nos croyances et par extension nos actions. Plus largement, s'observer et prendre du recul sur son langage intérieur, c'est influer sur la manière dont nous perçoit et nous traite notre entourage et/ou nos proches.
Transformer son vocabulaire habituel
Pour le coach américain Anthony Robbins, s'observer revient à transformer nos "croyances limitantes". Pour ce faire, souligne-t-il, rien de tel que changer son vocabulaire habituel, autrement dit changer les mots que l'on utilise couramment pour décrire nos émotions et nos ressentis. Un procédé qui aurait pour effet de nous rendre plus affirmé et donc de nous faire agir plus fermement. À noter que Robbins nomme ce nouveau vocabulaire, le "vocabulaire transformationnel".
Alors que le discours entourant le monde du travail est toujours plus négatif et où le management induit un langage et des termes toujours plus superficiels et vains, il est aujourd'hui plus qu'hier nécessaire, estime Bargh, de parler avec des mots justes, non pas à faire de soi un produit marketing mais au contraire renvoyer une image assurée et authentique et ainsi attirer une certaine considération.
De manière plus globale, cet exercice intérieur pourrait peut-être permettre aux entreprises d'effacer le langage creux qu'elles ont établi pour se tourner vers quelque chose de plus humain : le "quotient émotionnel". En attendant, n'oubliez pas : changer vos mots, c'est peut-être changer votre vie.
Sources : Xraylistening, Psychology Today, LeMonde