L'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a fait savoir la semaine passée son intention d'interdire 59 colorants et 153 produits utilisés par les tatoueurs. Résultat : ne resterait alors plus que 27 colorants rouges, 13 blancs, 13 orange, 12 jaune, 6 noir, 3 violet et 3 brun, tant et si bien qu'il serait toujours possible de se faire tatouer en bleu, vert, gris, noir et blanc. Toutefois, seules certaines teintes bien spécifiques de ces couleurs seraient autorisées. Mais au fait, en quoi ces colorants présentent-ils un risque pour la santé ?
D'après un communiqué rendu public en janvier 2013 par le Syndicat national des dermatologues (Sndv), les encres utilisées pour les tatouages contiendraient "des métaux toxiques" mais aussi des hydrocarbures pour la plupart cancérigènes. Or, certaines couleurs présenteraient un risque plus élevé que d'autres. Et une fois introduits sous l'épiderme, un certain nombre de leurs composants pourraient entraîner des réactions allergiques. C'est par exemple le cas du rouge, qui serait la couleur la plus allergène. Mais par extension, toujours selon le Sndv, l'ensemble des couleurs seraient plus nocives que le noir pur.
Interrogé par le HuffingtonPost, le docteur Jean-Claude Larrouy explique que les encres rouges renferment du fer, du cadmium et dans certains cas rares mais encore d'actualité du mercure. En outre, les encres blanches ajoutées au rouge – il s'agit du titane, de l'aluminium ou encore du calcium – contiendraient des nanoparticules pouvant avoir un effet neurotoxique compte tenu de leur taille minuscule. Questionné par L'Express, le dermatologue Nicolas Kluger se demande néanmoins si cette décision d'interdire certains colorants n'est pas un peu artificielle : pour lui, rien ne permet d'affirmer qu'il n'y aura pas de réactions allergiques avec les pigments restant autorisés. Pour cette raison, il faudrait mener des recherches plus approfondies, ce qui nécessite beaucoup d'années.
Et pour cause : Larrouy estime que l'encre noire, dans la plupart des cas dérivée du pétrole et contenant des phtalates de même type que le bisphénol A, est nocive.
Que risque-t-on exactement à faire un tatouage coloré ?
Parmi les allergies et complications les plus courantes, on retrouve notamment les démangeaisons, les gonflements ou encore les lésions. Des allergies qui seraient, selon un bulletin de l'académie de médecine, relatives aux pigments métalliques comme le cobalt ou le chrome.
D'autre part, l'eczéma, le lichen plan, la lucite pourraient aussi être causés notamment par certains pigments tels que le rouge.
Quid du cancer ? Les spécialistes estiment que les risques sont très limités. Nicolas Kluger souligne pour sa part que le cadmium peut provoquer le cancer de la vessie, mais à condition qu'il soit respiré. Aucune étude n'a toutefois été réalisée à propos des effets induits par son injection sous l'épiderme.
En outre, une atteinte des ganglions lymphatiques – on parle alors de lymphadénopathies – n'est pas exclue. De même, les maladies de peau peuvent empirer avec un tatouage.
À noter que les allergies, lorsqu'elles surviennent, se déclenchent dans les semaines, les mois et parfois les années qui suivent. Et que le tatouage soit petit ou grand, les risques sont identiques. Pour stopper les allergies, en théorie, la suppression au laser suffirait, mais parfois, la disparition des pigments n'est pas toujours parfaite. C'est par exemple le cas avec les tatouages multicolores, avec lesquels il reste souvent des taches blanches et des cicatrices
Sources : L'Express, HuffPost, Académie de médecine, Rue89