Si elle a surtout été porteuse de mauvaises nouvelles, la pandémie de Covid aura toutefois eu quelques impacts positifs sur notre quotidien. La démocratisation du télétravail en fait partie. Depuis, travailler à distance s'inscrit dans les codes standards d’une entreprise. Néanmoins, malgré ses apparences faussement prospères, le télétravail en France est loin d’être suffisamment développé, du moins comparé aux autres pays d’Europe.
Face à un nouveau pic du nombre de cas positifs, la France réinitie le télétravail. Ainsi, pour une durée de trois semaines à compter du 3 janvier dernier, l’État encourage vivement la reprise du travail à distance pour en moyenne 3 à 4 jours par semaine. Si cette disposition donne l’impression que le télétravail en France se popularise, une enquête réalisée par l’IFOP vient démontrer le contraire. Zoom sur les détails.
Le télétravail à l’échelle européen
La fin du télétravail obligatoire, annoncée trois mois plus tôt, n’aura pas duré longtemps. Le télétravail reprend ainsi de plus belle face au variant Omicron. À l’occasion, l’IFOP a réalisé, pour le compte de la Fondation Jean Jaurès, une étude sur l’implémentation du télétravail dans les pays européens. Les résultats de l’analyse placent la France au bas de l’échelle en comparaison avec ses voisins directs. L’étude conclut notamment à un accès plus restreint au télétravail pour la population active de l’Hexagone. Alors que 51% des Allemands reconnaissent avoir recours au télétravail au moins une fois dans la semaine, ce pourcentage est porté à 29% chez les Français. L’Italie (50%), le Royaume-Uni (42%) et l’Espagne (36%) sont parmi les bons élèves dans le domaine.
Un accès inégalitaire au télétravail
Tandis qu’un nouveau mode de travail hybride se met progressivement en place, le télétravail au sein de la population française est loin de peser le poids attendu, deux ans après sa démocratisation. L’étude IFOP a notamment mis l’accent sur l’accès inégalitaire du télétravail observé non seulement en France, mais également du côté de ses voisins de territoire. Ainsi, les actifs de la catégorie CSP+ (catégorie socioprofessionnelle) sont généralement plus nombreux à télétravailler que ceux de la CSP–. Toutefois, bien que la situation soit similaire au sein des 5 pays étudiés, la France demeure le mauvais élève du lot avec un écart trop important entre les proportions de télétravailleurs CSP + et CSP –. Si elles sont respectivement de 56% et 48% chez les Italiens, les Français affichent 36 points d’écart, avec 56% et 17%.
Une réticence observée tant chez les employeurs que les actifs
Les enjeux de l’implémentation pérenne du télétravail représentent un défi de taille pour toutes les entreprises... Résultat, les employeurs se montrent récalcitrants face à cette perspective pourtant inévitable. Cette vive réticence est également observée chez les salariés français. Toujours selon les données relevées par l’étude de l'IFOP, la moyenne du nombre de jours de télétravail souhaité par les actifs interrogés est portée à 1,8 jour par semaine. Le Royaume-Uni se positionne à la barre des 2 jours tandis que l’Espagne, à 2,7 jours, se place en tête. À l’heure actuelle, seuls 11% des actifs français déclarent télétravailler 4 à 5 jours par semaine, contre 30% chez les Italiens.