Passer plus de 20 h par semaine devant la télévision ferait chuter la qualité du sperme. Des chercheurs américains de la Harvard School of Public Health à Boston ont analysé les échantillons de sperme de 189 jeunes hommes (18 à 22 ans) et posé des questions précises sur leur mode de vie (exercice, alimentation, télévision). Résultat : le groupe de ceux qui passent plus de 20 h/semaine devant le petit écran présentent une concentration en spermatozoïdes 44 % plus faible que ceux qui y passent moins de 5 h.
En revanche, le groupe de ceux qui font au moins 15h de sport présentent une concentration en gamètes 73 % plus élevée que le groupe de ceux qui en font moins de 5 h/semaine. Ces variations sont les deux seules incidences que les chercheurs ont trouvées entre le mode de vie et la fertilité. Cela étant dit, ce qui est établi comme une concentration en spermatozoïdes faible dans cette étude reste supérieur au seuil considéré par l'OMS comme suffisant pour la reproduction. En outre, les chercheurs n'ont pas cherché à démontrer que ces écarts de fertilité pouvaient effectivement avoir un impact sur la capacité à procréer.
La télévision, coupable idéal
La télévision est déjà mise en cause dans un certain nombre de maladies cardiovasculaires ou métaboliques, comme l'obésité et le diabète. La position assise qu'elle implique pourrait jouer un rôle sur la concentration spermatique, mais cela n'est pas évident car des études portant sur des personnes qui travaillent en position assise n'ont pas démontré d'impact de cette position sur la qualité du sperme. L'autre explication avancée par l'équipe de chercheurs à l'initiative de cette étude est le fait que la personne qui passe une grande partie de son temps devant la télé est exposé à des publicités pour de la nourriture riche en calories et que son alimentation est probablement moins équilibrée que celle de quelqu'un qui préfère occuper son temps par le sport.
La fertilité tendanciellement en baisse
Cette étude ne fait donc que confirmer un élément de fait dont on avait déjà connaissance : la télé, à haute dose, est néfaste à notre bien-être. La mise en évidence d'un lien entre la télévision et la baisse de la concentration en gamètes chez les hommes permet d'éclairer d'un jour nouveau le fait que cette concentration semble être en chute libre depuis environ 30 ans (on estime que le sperme humain est aujourd'hui 30 % moins concentré qu'en 1989). Mais la relation de cause à effet semble être plutôt complexe, et peut-être impossible à établir scientifiquement, au-delà d'une étude statistique. Les paramètres à étudier sont potentiellement infinis, et ne peuvent se résumer à notre rapport à la télévision.
Par contre, on peut d'ors et déjà affirmer que celle-ci n'est pas neutre d'un point de vue de santé publique, et quand on sait que les Français passent en moyenne 24 heures et 50 minutes par semaine devant, il est légitime de s'inquiéter de son influence sur nos gamètes fainéants.