The Lobster, dernier film du pape grec du bizarre Yorgos Lanthimos par ailleurs Prix du Jury du 68e Festival de Cannes, vient de sortir en salles. Ce conte cruel où les célibataires sont bannis puis transformés en animaux s’interroge sur la possibilité d’un bonheur dans la solitude. Deux places sont à gagner.
Imaginez un futur dystopique où le célibat serait puni manu militari passé un certain délai. Après 45 jours sans avoir trouvé l’âme sœur, le solitaire en amour serait alors transformé en l’animal de son choix - par exemple en homard (The Lobster). Yorgos Lanthimos, cinéaste grec qui avait déjà précédemment cultivé une étrangeté certaine dans ses films (Canine, 2009 ; Alps, 2011), remet le couvert avec The Lobster. Cette fois, le casting s’avère nettement plus glamour qu’à l’accoutumée, sans perdre en rugosité côté mise en scène. Colin Farrell, Rachel Weisz, Léa Seydoux, John C. Reilly… les têtes d’affiche - méconnaissables - ne manquent pas.
Caustique et drôle dans sa première partie, The Lobster se mue en une histoire d’amour impossible dans sa seconde moitié. L’emphase et la lumière automnale rappellent les œuvres les plus franchement romantiques de Lars Von Trier (Melancholia, notamment). Difficile de rester insensible à cette critique corrosive de la société par l’absurde, où tout l’espace social s’avère vicié jusqu’à l’intime. Dommage toutefois que le réalisateur ne daigne pas changer la formule de ses précédents longs métrages, par trop systématique. À noter que des places sont à gagner sur la page Facebook du film. Le jeu consiste à se mettre dans la peau d’un célibataire sur le point d’être transformé.