À quelques jours de la fête de la musique, célébrée cette année le vendredi 21 juin, des professeurs de neurosciences se sont interrogées sur les effets de la musique sur le travail. Si quelques scientifiques jugeaient jusqu'à présent qu'un univers sonore pouvait faciliter certaines tâches dans un cadre professionnel, d'autres se montrent aujourd'hui plus nuancés sur la question.
À l'heure où il est presque devenu banal de se mouvoir, de voyager ou encore de travailler en musique, écouteurs aux oreilles, de plus en plus de personnes s'en passent désormais difficilement. Il faut dire que la musique agit comme une véritable drogue, comme le souligne le professeur de neurosciences Robert Zatorre, de l'université McGill de Montréal, dans un article de l'International Herald Tribune daté du 13 juin. Le fait d'écouter de la musique entraine en effet la sécrétion de dopamine dans le cerveau, au même titre que la cocaïne et les amphétamines.
Or, cette simili drogue rendrait certains apprentissages plus simples. C'est notamment le cas des langues, comme l'a prouvé Daniele Schön, chercheuse à l'Institut de neurosciences cognitives de la Méditerranée. Sa conclusion : nous sommes toujours capables de fredonner voire de chanter les airs comme les paroles de chansons étrangères assimilées à l'école, alors que l'on pensait ne plus connaître un seul mot de cette langue.
De même, les chirurgiens aficionados de musique classique seraient plus rigoureux et efficaces lorsqu'ils réalisent des tâches basiques en musique, d'après une étude menée par Karen Allen et Jim Blascovich, chercheurs en psychologie à l'université de Buffalo, à New York.
Des bienfaits à ne pas généraliser
Pour autant, mieux vaut se méfier des généralisations – n'en déplaise au fameux "effet Mozart", identifié il y a vingt ans, et d'après lequel l'écoute de la musique permettrait de mieux travailler – car les bienfaits ne seraient de mise que dans certains cas bien précis. À l'inverse, les effets de la musique sur le travail pourraient même s'avérer catastrophiques.
Car si l'écoute de la musique juste avant le travail permet de muscler l'efficacité professionnelle – et ce notamment pour les anxieux, plus heureux et plus calmes –, elle causerait également un déficit de mémorisation pendant le travail, d'après Nick Perham, chercheur en psychologie appliquée à l'université Cardiff Metropolitan au Pays de Galles. Par ailleurs, cette dernière dégraderait fortement les performances, et ce surtout lorsqu'il s'agit de titres appréciés par l'auditeur.
Conclusion des chercheurs : mieux vaudrait donc – si l'on est incapable de se passer de musique – écouter des choses que l'on ne connait pas et qui ne nous plaisent pas.