Le 2 mai dernier, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme a publié un rapport selon lequel les Français seraient globalement moins racistes ou xénophobes qu’auparavant. L’indice de tolérance aurait augmenté de 5 % malgré le climat actuel qui laissait craindre une remontée des intolérances.
Chaque année, la CNCDH publie un rapport sur le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme en France. Celui de 2015, publié le 2 mai dernier, suggère que les Français sont plus tolérants malgré une paradoxale montée des actes de violence.
La méthode utilisée
Pour obtenir ces résultats, le CNCDH a sondé un très large échantillon représentatif de la population française (un millier de personnes). Les personnes interrogées ont été soumises à 69 questions, notamment sur leur perception des minorités. Le CNCDH de donner ensuite une note sur 100 à chaque question posée pour obtenir l’indice longitudinal de tolérance.
Des résultats encourageants
D’après cette enquête, il semble que les minorités soient mieux tolérées qu’avant avec un indice en hausse de 82 pour les « juifs », 79 pour les « noirs », 69 pour les « maghrébins », 62 pour les « musulmans » et 34 pour les « Roms ». Si ces derniers sont les moins acceptés, leur indice a toutefois augmenté de 8 points en un an. Ce rapport fait aussi ressortir que 53 % des sondés déclarent ne pas être du tout racistes contre 43 % en 2014. En revanche, pour 2015, 8 % des personnes interrogées croient en la supériorité d’une race par rapport à d’autres, soit une baisse de 6 points par rapport à 2014.
Si 58 % des Français estiment que les immigrés sont trop nombreux, 68 % pensent que leur présence est enrichissante du point de vue culturel. En outre, 79 % des personnes sondées pensent que les travailleurs étrangers participent au développement économique du pays et méritent en conséquence une plus grande considération.
Les attentats en cause
D’après Christine Lazerges, présidente de la CNCDH, les attentats de janvier et de novembre 2015 ont créé une certaine cohésion sociale se traduisant par des élans de solidarité et de fraternité. D’après les auteurs de l’étude, les Français ont pris conscience de leur vulnérabilité en s’identifiant aux victimes.
Les actes et les paroles
Le ministère de l’Intérieur fait cependant état d’une hausse de 22,4 % des délits à caractère raciste. Les menaces et violences à l’égard des minorités ont atteint des sommets, surtout en janvier et en novembre 2015. Les actes anti-musulmans ont plus que triplé et les actes anti-juifs restent les plus fréquents et représentent 40% des actes de racisme perpétrés en France alors que la population juive ne représente que moins de 1% de la population totale du pays. Pour la chercheuse Nonna Mayer, il s'agirait de manifestations associées à des profils isolés et à des idéologies particulières tandis que les chiffres du sondage révèleraient d'avantage l'opinion générale et seraient donc plus signifiants quant à l'état d'esprit des Français.