Le virus Zika, au centre de toutes les attentions, atteindra peut-être l’Europe et les États-Unis durant l’été 2016. Selon les spéculations des scientifiques, le réchauffement climatique favorise la prolifération de ce virus.
Moritz Kraemer, chercheur à l’université d’Oxford, confirme que le développement des moustiques vecteurs de maladies infectieuses augmente avec le réchauffement climatique. Depuis 2014, l’aedes aegypti, moustique de la fièvre jaune et premier agent porteur du virus Zika, s’est répandu au Brésil, en Colombie et dans les Caraïbes. Il a causé des malformations chez les fœtus et de graves problèmes neurologiques chez les adultes. L’aedes albopictus ou moustique tigre est le deuxième vecteur de Zika. Venu d’Asie du sud-est et présent partout en Europe depuis une vingtaine d’années, il a véhiculé la propagation de la dengue et du chikungunya. Anna-Bella Failloux, virologue à l’Institut Pasteur, explique qu’il est possible que le virus arrive en Europe l’été prochain. Par exemple, par le biais d’un vacancier en provenance d’Amérique du Sud piqué par un moustique infecté. À son retour en Europe, s’il est repiqué par l’albopictus, celui-ci se retrouve automatiquement vecteur. Ce schéma s’est produit en 2010 avec la dengue et le chikungunya.
Le dérèglement du climat
Le réchauffement climatique ne fait qu’empirer la prolifération du virus Zika. En effet, le moustique vecteur ingère le virus dans son système digestif avant qu’il ne remonte dans sa salive et atteigne la personne piquée. D’après les explications de Lyle Petersen, chercheur au centre national des maladies infectieuses de Fort Collins au Colorado, la durée de ce processus serait raccourcie avec les températures élevées, par conséquent l’insecte a plus de chance de transmettre le virus avant d’y succomber. Autre facteur aggravant : Une température de 25 à 28°C accélère l’incubation des œufs des moustiques, qui devient presque deux fois plus rapide.
Les avancées
Les spécialistes considèrent que le réchauffement du climat n’est pas le seul facteur de la propagation de ces maladies. Hervé Zeller, responsable au Centre européen pour la prévention des maladies, confirme que la mondialisation, via les échanges commerciaux et humains, est sa principale cause. Si aucun vaccin ou antidote n’a encore été trouvé, l’utilisation des insecticides ou des moustiquaires est recommandée. Des tests en laboratoire sont actuellement réalisés au Brésil et en Floride. Ils consistent à lâcher des mâles stériles et à augmenter la résistance des femelles contre le virus Zika. À ce stade de l’expérimentation, une femelle aedes albopictus immunisée a été créée, mais elle ne parviendrait pas encore à survivre dans la nature.