Pas moins de 600 000 voitures d’occasion vendues dans l’Hexagone tous les ans disposeraient d’un compteur kilométrique trafiqué, à en croire les chiffres de la fédération internationale de l’automobile (FIA). Une escroquerie facile à mettre en place qui pousse aujourd’hui les professionnels à faire front.
Les spécialistes du secteur automobile sonnent aujourd’hui l’alarme pour avertir la Commission européenne des nombreux problèmes induits par les fraudes au compteur. Cette tromperie, une pratique évidemment illégale, concernerait environ 5 à 12 % des voitures d’occasion vendues dans l’UE. Résultat : le manque à gagner serait de 5,6 à 9,6 milliards d’euros, d’après les chiffres de la Commission relayés par la FIA. S’agissant de la France uniquement, l’organisation estime le nombre de véhicules d’occasion trafiqués et revendus à 600 000.
Une situation catastrophique qui n’est néanmoins pas étonnante, puisque les compteurs des voitures récentes se falsifient en toute simplicité, grâce notamment à un logiciel téléchargeable sur internet servant à changer le nombre de kilomètres affichés. Un procédé pour le moins lucratif puisqu’un vendeur peut espérer en moyenne augmenter la valeur du véhicule proposé d’environ 5 000 euros pour 100 000 kilomètres retirés.
Comment faire face au phénomène des arnaques au compteur ?
Il faut savoir que certains dispositifs pourraient permettre de limiter ces pratiques, par exemple en obligeant le vendeur d’une voiture d’occasion à renseigner son kilométrage sur le contrat de cession. Un système qui mettrait en place une sorte d’historique du véhicule. En outre, la réforme sur le contrôle technique adoptée en 2012 par le Parlement européen va aboutir dans quatre ans à une base de données destinée aux contrôleurs techniques. En pratique, ceux-ci auront la possibilité de s’assurer de la cohérence du kilométrage d’un passage au contrôle à l’autre.
À noter que la Belgique est déjà en avance en la matière puisque le pays a déjà créé un système appelé "Car-pass", qui contraint le vendeur d’une voiture d’occasion à fournir un document précisant le kilométrage, la marque, le modèle et le numéro d’immatriculation. Or, dès lors qu’une voiture passe dans un atelier, une mise à jour de ce relevé est aussitôt réalisée. Mieux : une base de données nationale est accessible aux futurs acheteurs souhaitant vérifier qu’il n’y a pas d’arnaque.
Des astuces pour contourner les fraudes ?
En la matière, il est très complexe à l’œil nu de savoir si la voiture a été trafiqué ou pas. Mais si un problème se présente, un accord à l’amiable avec le vendeur est possible, dans le cas où ce dernier n’avait pas connaissance de l’arnaque. En cas contraire, le recours aux tribunaux, avec à la clé un avis d’expert – seule personne habilitée à exposer le problème au juge –, est possible. Rappelons que le fait de trafiquer un compteur est passible d’une à deux années de prison ainsi que de 37 500 euros d’amende. On parle alors de délit pénal.
Toutefois, l’Argus auto invite les futurs acheteurs à faire attention aux kilométrages étonnamment bas, aux annonces trop attrayantes, au manque de précision ou encore aux éléments contradictoires. D’autre part, le site internet conseille de s’assurer de la mise à jour du carnet d’entretien, que la voiture en question n’est pas abîmée, de demander si elle n’a pas subi d’interventions mécaniques importantes, de noter le numéro de série présent sur la carte grise, ou encore de noter les coordonnées du concessionnaire s’étant chargé de son entretien.
Sources : lci, lefigaro, leparisien