Le système de normes anti-pollution qui homologue les véhicules nouvellement immatriculés voit sa pertinence remise en cause. Que ce soit en trichant, ou en adaptant simplement les paramètres de leurs véhicules pendant les tests, les constructeurs ont de plus en plus de facilité à contourner les normes. Une réforme de ce système serait indispensable à la réduction effective de la pollution du transport routier et à l’amélioration de la qualité de l’air dans les grandes villes.
Les tests antipollution, c’est quoi ?
Le taux d’émission de polluants est scruté chez les véhicules nouvellement immatriculés. Pour cela, les véhicules passent des tests organisés par un certificateur agréé lors desquels les émissions de leur pot d’échappement sont récupérées et mesurées. Cinq polluants dangereux pour la qualité de l’air en agglomération sont alors en ligne de mire : les oxydes d’azote, les hydrocarbures, les particules fines, le monoxyde de carbone et le dioxyde de carbone. Chaque année, des normes de plus en plus strictes leur imposent de ne pas dépasser tant de gramme au kilomètre. Les tests se déroulent au cours d’un cycle de roulage de 20 minutes imaginé en 1973. Il simule différentes situations et est censé reproduire les conditions de circulation les plus couramment rencontrées en Europe.
Quid du contournement des normes Euro ?
Le premier problème des normes Euro est la manière dont elles sont vérifiées. Le certificateur agréé qui s’en charge en France est l’UTAC-Ceram. Or, rien n’empêche les constructeurs de se tourner vers d’autres certificateurs européens pour faire homologuer leurs modèles. La concurrence des certificateurs rend la tolérance vis-à-vis de ces normes plutôt aléatoire.
Le deuxième problème, c’est qu’il est devenu trop facile pour les constructeurs de paramétrer leurs véhicules spécifiquement selon les tests officiels pour que les résultats soient satisfaisants. En pratique, il leur suffit de limiter l’utilisation du moteur par surgonflage des pneus, amélioration des lubrifiants, optimisation des contrôles moteur…
Le cas Volkswagen
Actuellement, la société VW est accusée d’avoir délibérément mis au point un logiciel de triche pour que le véhicule s’adapte lui-même aux normes officielles au moment du test. Ainsi, en situation de test, le véhicule émet jusqu’à 40 fois moins qu’il ne le fait réellement au quotidien après sa mise en circulation.
Homologué efficacement, et ensuite ?
Réclamé par les autorités, un nouveau test plus efficace, puisque plus aléatoire, devrait entrer en vigueur à la rentrée 2017. Cela empêchera les constructeurs de trop spécialiser leur modèle pour un cycle donné. Après qu’un véhicule soit entré en circulation, la loi réclame qu’il soit contrôlé techniquement au bout de quatre ans, puis tous les deux ans. Pas de quoi inquiéter les constructeurs, puisque sur les 128 points de vérification du contrôle technique, un seul concerne les émissions polluantes. Heureusement, dans le cadre de la loi sur la transition énergétique, un écodiagnostic des véhicules est prévu à partir de 2017. Les analyses des polluants seront beaucoup plus fines qu’aujourd’hui, à l’image de ce qui se fait déjà outre-Atlantique.