5 idées reçues sur les profs
Publié leLes profs sont très souvent absents
Faux. Deux études viennent invalider ce préjugé très répandu : celles de la DARES et de la DGAFP.
La Direction de l'Animation, de la Recherche, des Études et des Statistiques a analysé les absences des salariés entre 2003 et 2011 et leur conclusion, si elle peut étonner certains, est formelle : l'absentéisme pour raisons de santé des enseignants est inférieur à la moyenne de tous les secteurs confondus (3,2% contre 3,7%).
Quant au rapport de la Direction générale de l'Administration et de la Fonction Publique (édition 2015), il nous apprend qu'avec 6,7 j de congés maladie ordinaire ou CMO, les profs sont moins absents que les autres agents de la fonction publique (7,1 j).
Le problème finalement n'est pas tant celui de l'absentéisme des profs que celui de leur non remplacement, surtout en primaire et dans les zones d'éducation prioritaire. Entre 2006 et 2012, la réduction drastique des profs remplaçants (environ 40%) continue d'impacter sur cette impression d'absentéisme chronique des enseignants. Les absences de moins de 15 jours ne seraient remplacées qu'à hauteur de 38% même s'il n'existe pas de statistiques fiables, ce qui représenterait, selon la FCPE, 20 000 journées de classes perdues (primaire et secondaire).
Autre grief à l'encontre des profs qui alimente ce préjugé : 'Avec toutes les vacances qu'ils ont, les profs ne devraient pas être absents !'. Que ceux qui leur jettent la pierre enseignent, alors ils changeront peut-être d'avis. En tout cas, le métier ne fait plus rêver. De plus en plus de postes sont non pourvus notamment en allemand, lettres classiques et modernes, obligeant l’État à avoir recours à des enseignants contractuels.
Les enseignants ont trop de vacances
Vrai et faux. Les professeurs des écoles, comme les enseignants, ont les mêmes vacances scolaires que leurs élèves, à savoir 16 semaines. Un privilège ? Pas si sûr !
Excepté les PE qui enseignent 27h/semaine (dans les textes !), les enseignants, d'après un décret de 1950, ont une obligation de 18 h en classe. A ces heures de cours effectives avec les élèves s'ajoute le travail 'invisible' : la préparation des cours, la correction des copies, le travail avec les autres enseignants, les rencontres avec les parents d'élèves, les réunions pédagogiques... soit, selon les profs, une charge de travail d'environ 41h/semaine. Ce qui fait déjà plus que les 35 h réglementaires mises en place par le gouvernement Jospin en 2000.
Et les vacances alors ? Les enseignants, selon une enquête de l'Insee (année 2009/2010) déclarent travailler entre 18 et 20 jours pendant les vacances. La longueur des congés des enseignants ne semble en tout cas pas susciter les vocations et pallier au manque d'attractivité d'un métier jugé difficile.
La pénurie de profs et de profs remplaçants est problématique dans certaines académies. En 2014-2015, ce sont 1676 postes qui n'ont pas été pourvus faute de candidats. Avec des élèves parmi les plus 'durs' de l'OCDE, un manque de reconnaissance quasi général et des salaires peu attractifs pour des bac+5, il y a fort à craindre que cette crise des vocations perdure si rien n'est fait pour redonner à l'école de la république ses valeurs.
Les instits sont moins payés que les profs
Vrai. Selon l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), il existe un écart d'environ 20% entre le salaire de l'instituteur ou de l'institutrice, qui exercent en primaire, et celui de l'enseignant de collège. Cet écart augmente jusqu'à 30% avec le professeur de lycée. Primes (5% contre 15%) et heures supplémentaires rémunérées expliquent en partie les différences salariales entre ces 2 corps.
Avec un salaire moyen net en début de carrière de 2 197€/mois (contre 2669€ dans le 2nd degré), les professeurs des écoles français gagnent bien moins que leurs collègues européens et notamment ceux du Luxembourg, de la Norvège, de l'Allemagne, des Pays-Bas, de la Belgique...
L'école est nécessaire pour réussir
Oui et non. Voilà un sujet qui suscite des débats animés dans un contexte de dégradation des conditions de travail des enseignants et de dévalorisation d'une fonction longtemps réputée pour sa noblesse.
Certains pensent, comme Henri Miller, que l'école de la vie forme mieux les enfants que l'école de la république ; il nous livre dans 'Virage à 80°' sa vision de l'école : 'j'ai appris beaucoup plus avec les imbéciles et les rien du tout qu'avec les professeurs de ceci ou de cela. L'instructeur, c'est la vie, non le ministère de l’Éducation nationale (…).'
L'enseignement à l'école, s'il essaye d'être exhaustif, est adapté à la compréhension du plus grand nombre. Quid des enfants hors normes intellectuellement ? De ceux qui ne supportent pas la pression, qui ont besoin d'un cadre apaisant pour grandir, de plus de pratique que de théorie, de rythmes différents, de matières plus artistiques... ?
Des notions essentielles comme le développement personnel, la bienveillance, le savoir-écouter, l'apprentissage de l'autonomie ou encore de l'esprit critique sont généralement écartées dans l'école traditionnelle. Des écoles alternatives, aux prix souvent prohibitifs, expérimentent des pédagogies où sont pris en compte les ressources propres des élèves. Ces écoles (Decroly, éducation nouvelle, Freinet, Holt, Montessori, Neill, Oury, Steiner...) réussissent aussi bien voire mieux que l'école classique. Un autre atout et pas des moindres de ces pédagogies alternatives : l'absence de violence.
Autre solution méconnue pour ceux qui ne souhaitent pas aller à l'école classique : l'Instruction En Famille (IEF) ; de plus en plus nombreux* en France et soumis à des contrôles réguliers de l’État, les 'homeschoolers', les 'unschoolers' ou encore les 'non-sco' sont aussi intégrés socialement que les autres selon les études.
Nécessaire et obligatoire depuis 1882 (Loi Jules Ferry), l'instruction doit s'adapter aux élèves et non l'inverse. La création d'écoles alternatives supplémentaires plus accessibles financièrement offrirait aux parents un plus grand choix pour la formation de leurs enfants.
* (entre 20 et 50 000 enfants non-sco sur quelques 10 millions d'enfants).