13,07 euros, c’est la somme qu’il faudrait débourser par paquet de cigarettes, si le prix prenait en compte le coût réel du tabac pour la collectivité en comptant absences au travail et arrêts maladie. C’est du moins ce qu’affirme un cabinet d’expertise économique.
À en croire une étude rapportée lundi par Le Parisien, le "juste" prix d’un paquet de cigarettes se situerait aux alentours de 13,07 euros. C’est en tout cas ce que soutient le cabinet de conseil en économie Microeconomix, qui a tenu compte dans son calcul du coût réel que l’addiction au tabac impose à la société. Résultat : il faudrait en réalité dépenser 6 euros de plus qu’actuellement, soit 87 % de plus, pour s’acquitter du "juste" prix.
Afin d’en arriver à ce constat, deux économistes ont passé au crible les conséquences négatives et positives du tabac sur la société. Dans les moins, les fumeurs entraineraient 16,3 milliards d’euros de dépenses de santé sur la Sécu, et un manque à gagner en matière d’impôts de 3,3 milliards d’euros – mortalité précoce oblige. Enfin, s’ajouteraient à cela 16 milliards d’euros de pertes de production, liées notamment aux pauses, du côté des entreprises. Tant et si bien que la facture atteindrait au total 35,6 milliards d’euros. Alors que les conséquences positives n’intègreraient que 14 milliards d’euros de taxes perçues par l’État en marge des ventes de cigarettes, et 6,6 milliards d’économies sur les pensions de retraites. D’où un total de 20,6 milliards d’euros.
L’addiction des fumeurs représente 15 milliards d’euros de perte
Partant du principe que l’addiction au tabac coûte 15 milliards d’euros à la collectivité, Microeconomix estime que le paquet de cigarettes devrait s’élever à 13,07 euros. À noter que le cabinet d’expertise économique affirme dans cette logique s’appuyer sur une dynamique de pollueur-payeur. Un prix qui, selon Microeconomic, ne pourrait de fait pas être contesté.
Reste qu’il est peu probable que le gouvernement s’aligne un jour sur un tel système de calcul, discutable dans le sens où les géants du tabac sont au moins aussi responsables que les consommateurs. Rappelons que fin 2014, un amendement avait annulé la hausse automatique de la fiscalité sur les cigarettes, pour calmer la grogne des buralistes et des fumeurs. Le projet de loi Santé défendu actuellement à l’Assemblée intègre néanmoins un paquet neutre.
Il n’empêche : difficile d’imaginer le dispositif de Microeconomix, s’il était appliqué, ne concerner que le tabac. L’alcool, les antidépresseurs, le sucre ou encore les matières grasses saturées pourraient en effet dans la même logique faire l’objet d’une augmentation de prix.
Sources : microeconomix, lesechos