Les abeilles ont un rôle de premier plan dans l’environnement, car c’est grâce à leur travail de butinage que se déroule la pollinisation de 90 % des espèces consommées par les humains. Elles sont donc essentielles à notre mode d’alimentation, mais elles se trouvent menacées par l’utilisation de produits chimiques, notamment de pesticides toxiques.
A la demande de la Commission Européenne, l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu un rapport mercredi 16 janvier, dans lequel les conclusions à propos de plusieurs pesticides en vente sur le marché européen sont inquiétantes. Ceux-ci seraient directement liés à la surmortalité des abeilles constatée depuis quelques années dans les pays du nord. L’un d’eux, le Cruiser OSR, a déjà été retiré du marché en France en juillet 2012, pour les cultures de colza, et le ministère envisage de l’interdire pour le maïs aussi, mais rien n’a été fait sur ce sujet depuis. La Commission a décidé d’inscrire ce sujet à l’ordre du jour du 31 janvier 2013, pour « prendre les mesures qui s’imposent » selon Frédéric Vincent, porte-parole de la commission communautaire en charge de la santé des consommateurs.
Les études menées dans plusieurs pays d’Europe ont systématiquement conclu à un lien certain entre les pesticides dont la formule contient des néonicotinoïdes (un dérivé de la nicotine, qui est une neurotoxine, un poison agissant au niveau du système nerveux) et la surmortalité des abeilles, atteignant parfois jusqu’à 85 % de la population d'une ruche ! Après une première interdiction en juillet en France, concernant uniquement le pesticide Cruiser OSM pour un seul type de culture, et des décision similaires souvent limitées dans d’autres pays membres, l’EFSA a tranché ; estimant pour plusieurs pesticides contenant clothianidin, imidacloprid et thiamethoxam (différents types de néonicotinoïdes) que leur utilisation était inacceptable, et que les molécules en cause devaient être retirées du marché.
La décision de faire passer la protection des abeilles avant les intérêts de l’industrie agro-chimique de groupes comme l’allemand Bayer et le suisse Syngenta est saluée par l’Union nationale des apiculteurs Français (UNAF). Ce n'est pas le cas des industriels concernés qui estiment que le choix de retirer les pesticides incriminés du marché coûterait 17 milliards d’euros sur 5 ans, et entraînerait la destruction de 50 000 emplois. A quoi l’UNAF répond que la disparition des abeilles serait infiniment plus grave pour l’industrie agroalimentaire, car par son rôle dans la pollinisation, cette espèce rend un service estimé à 153 milliards d’euros au niveau mondial, soit 9,5 % de l’ensemble de la production agricole annuelle. Et comme le disait Einstein, "le jour où les abeilles disparaîtront", en raison de leur rôle dans la chaîne alimentaire, "ce sera le début de la disparition de l’homme".