Alors que s'achevaient vendredi 12 avril les rencontres nationales des vignerons indépendants, les petits producteurs sont de plus en plus appelés à se tourner vers l'international, selon le réseau Ubifrance, qui accompagne les PME/TPE à l'export. Le monde s'ouvre largement aux vins français, du Brésil à la Chine, et les producteurs indépendants ont des avantages à faire valoir sur ce marché. Au niveau national, on assiste à un net recul de la consommation d'alcool en volume, et à une hausse du budget qui y est consacré : la concurrence est plus rude sur ce marché, ce qui confirme l'idée selon laquelle s'exporter peut être bon.
Un des participants confirme : Fabrice Durou, héritier du Château de Gaudou en Cahors, est venu à la tribune expliquer que "Quand [il est] arrivé aux affaires il y a une quinzaine d’années, les choses allaient plutôt mal : en cinq ans, on a perdu notre marché en France". Mais aujourd’hui, il a 35 ans, et exporte 70 % des 230 000 caisses produites et embouteillées à la propriété (qui fait 40 hectares) : il s'est développé au Royaume-Uni, et a ensuite conquis la Belgique, les Pays-Bas, les Etats-Unis, le Canada et le Québec. Et il s'en sort mieux en vendant à l'international : "J’ai doublé la production du haut-de-gamme. Je vends 10 à 20 % plus cher en moyenne et certaines cuvées devraient même doubler", confie-t-il en ajoutant qu'il vise désormais le Mexique.
Selon ce participant, le secret pour vendre du vin à l'international, c'est de figurer dans la revue Wine Spectator - du très contesté Robert Parker - qui seule permet de faire "décoller" un producteur. Être bien noté dans un magazine américain est un formidable coup d'accélérateur pour la carrière d'un vigneron. D'ailleurs, les Etats-Unis, qui restent le 2e marché extérieur du vin français avec 1 milliard d’euros d'importations, après le Royaume-Uni (qui en importe 1,33 milliard d'euros), ont augmenté leurs commandes de 17 % en 2012. Même si on parle beaucoup des marchés des pays émergents - notre participant exporte en Chine et à Hong-Kong par exemple - le marché américain restera très important pour la production française, de par son volume et les liens historiques et culturels.
Les marchés émergents : un potentiel illimité ?
On parle beaucoup de la Chine depuis quelques années. Il est vrai que celle-ci a vu sa consommation augmenter de 30 % depuis 2008, et arrive maintenant en 3e position dans les volumes d'export avec 842 millions d'euros de commandes en 2012. Au point que, selon l'expert d'Ubifrance spécialisée sur ce secteur pour la Chine, Hélène Hovasse, "Une bouteille sur deux vendue en Chine est française". Par ailleurs, il reste beaucoup à faire : si les ventes reposent à 80 % de Bordeaux et à 90 % sur le rouge, les consommateurs sont mûrs pour découvrir d'autres appellations d'origine, d'autres cépages et d'autres types de vins. Par exemple, pour les restaurants des grandes villes du sud, où on mange beaucoup de poissons, les importateurs voudraient pouvoir proposer des blancs. D'après elle, les importateurs chinois sont plus intéressés par "l’authenticité, les contacts directs" que par un contact commercial classique.
"Les importateurs chinois ont envie d’écouter une histoire", pense encore la responsable de l'agence d'aide à l'export. Et dans ce contexte, "être indépendant est un plus" confirme Maxime Blin, 30 ans, qui vend ses champagnes artisanaux au Brésil : "On est perçu comme des artisans. Je suis viticulteur, pas commercial : ça les rassure". Et au-delà du prestige hexagonal en matière de vins, la filière française est plutôt réactive : en Inde, elle est leader à 38 %. Elle est 2e en Russie, 3e au Brésil, et ces deux pays à la consommation d'alcool importante importent 80 % des vins consommés. Ce qui laisse entrevoir la possibilité d'un immense marché à l'horizon, et peu de chances que ces pays se mettent à produire eux-mêmes des vins capables de concurrencer nos vieux raisins : il faut 10 à 15 ans pour faire un vin de qualité.
Sources : Libération, La Champagne Viticole et le site des rencontres nationales Vignerons Indépendants.